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Des produits agroalimentaires du Nord de Madagascar. |
Dans un monde où l’industrialisation et la technologie dominent, l’artisanat se distingue comme une expression authentique de créativité et de compétence manuelle. Son rôle, souvent sous-estimé, est pourtant essentiel dans le tissu économique et social, notamment à l’échelle locale ou régionale.
Parmi ses nombreuses formes, l’artisanat agroalimentaire se démarque aujourd’hui comme un secteur en plein essor. Englobant les activités de production et de transformation de biens alimentaires à petite échelle, ce secteur répond aux besoins alimentaires tout en générant des revenus pour de nombreux foyers. Majoritairement informelles, ces activités participent néanmoins activement à la vitalité économique de nombreuses régions.
Dans le nord de Madagascar, un souffle nouveau anime l’artisanat agroalimentaire. Longtemps éclipsé par les produits industriels importés et les circuits commerciaux informels, il connaît désormais un regain d’intérêt, porté par une prise de conscience collective : celle de la valeur de la production locale, de la qualité des produits du terroir et de la richesse des savoir-faire traditionnels. À la croisée de la tradition et de l’innovation, ce secteur joue un rôle central dans le développement économique régional.
Une visibilité croissante
Aujourd’hui, les produits issus de l’artisanat agroalimentaire gagnent en visibilité. On les retrouve sur les étals des supermarchés, dans les marchés communaux et ruraux, lors des foires et salons régionaux. La digitalisation, quant à elle, ouvre de nouvelles opportunités : les artisans peuvent désormais vendre en ligne, élargir leur clientèle tout en conservant une forte identité locale.
Face à la demande croissante de produits locaux, authentiques et de qualité, le secteur se structure progressivement. Des écoles et centres de formation en agroalimentaire voient le jour chaque année, témoignant d’un intérêt croissant pour la professionnalisation des pratiques. Les politiques publiques accompagnent ce mouvement à travers des appuis à la création d’entreprises artisanales.
Dans les villages, communes et districts de la région Diana, de nombreux producteurs se lancent dans la transformation de produits agricoles. Fromages, yaourts, confitures artisanales, miel pur, jus naturels, épices conditionnées, charcuterie paysanne, farines de manioc ou de riz... L’éventail s’élargit chaque année, reflet d’une créativité et d’une adaptation constante aux attentes des consommateurs.
Malgré cette dynamique, le secteur reste confronté à plusieurs défis, comme le manque d’équipements adaptés, une formation technique insuffisante, le respect partiel des normes d’hygiène, ou encore l’absence de labels certifiant l’origine et la qualité des produits. Ces obstacles freinent la compétitivité des artisans, notamment à l’export.
Comme l’a souligné Jean Chrys, coordonnateur de la Chambre des Métiers de la région Diana, lors de la Journée mondiale de l’artisanat: « La jeunesse rurale, souvent en quête d’emploi, peut trouver dans ce secteur une véritable alternative aux migrations vers les grandes villes. Plus qu’un simple moyen de subsistance, l’artisanat agroalimentaire devient une source de fierté locale et un outil de préservation des savoir-faire traditionnels. »
Raheriniaina