ANTSIRANANA - La pollution des déchets plastiques irrépressible

Le plastique, omniprésent dans l’environnement, menace les écosystèmes. Faute de solutions durables, une action à la source devient urgente.

Des  jeunes sont déterminés à sensibiliser  la population malgré la realité décourageante.

Les déchets plastiques représentent aujourd’hui l’un des plus grands défis environnementaux de notre époque. Utilisés massivement dans les emballages, les objets du quotidien et les produits industriels, les plastiques ont envahi notre environnement. Une fois jetés, intentionnellement ou non, ces déchets ont la capacité de se disperser très facilement dans les milieux naturels.

Dans le Nord, réputé pour ses plages mythiques, les déchets plastiques, plus particulièrement les bouteilles, sont là, presque invisibles, mais omniprésentes. Des sacs plastiques accrochés aux branches, des bouteilles écrasées, des filets de pêche abandonnés flottant en mer envahissent les plages. Du sommet d’une colline aux plages sauvages ou non, ils colonisent peu à peu tous les espaces.

Des hypothèses sont avancées pour expliquer leurs origines, mais une chose est sûre : le vent les pousse, car Antsiranana est la capitale du Varatraza (Alizé), la pluie les transporte, les rivières les avalent pour mieux les recracher à l’embouchure, dans l’océan. En général, ils sont d’origine terrestre. Le plastique, une matière conçue pour durer, est devenu le symbole d’une pollution tenace et mobile.

Initiatives locales

Ce qui frappe les villageois nettoyeurs, c’est la vitesse à laquelle ces déchets voyagent. Sur le terrain, on constate que le moindre objet en plastique jeté au sol peut, en quelques jours, se retrouver à des dizaines de kilomètres de son point de départ. Une bouteille abandonnée dans la Montagne des Français peut finir dans les Trois Baies qui se trouvent en face.

Selon les explications des chercheurs à l’Université d’Antsiranana, chaque année, plus de dix millions de tonnes de plastique finissent dans les océans. Mais le phénomène ne s’arrête pas là. Dans les champs, les forêts, les bords de routes ou les fossés, les plastiques s’accumulent, dégradant les paysages et mettant en péril la faune locale. Les animaux, attirés par l’odeur ou la forme, en consomment par erreur. Certains en meurent, d’autres les transportent encore plus loin.

Face à cette pollution insidieuse, les initiatives locales se multiplient à travers des campagnes de sensibilisation, des ramassages citoyens, des interdictions des plastiques à usage unique. Mais elles ne sont que passagères, souvent organisées avec les activités marquant la célébration des journées mondiales, sans véritable continuité, alors que l’utilisation du plastique au quotidien persiste. Or, cette année, la célébration est placée sous le thème « Île pour un avenir sans pollution ».

En outre, il n’existe, jusqu’à présent, aucune entreprise de recyclage du plastique en tant que matériau ou matière première dans la région. Les ONG actives dans le domaine de l’environnement, même si elles ont des projets liés au recyclage, sont aussi limitées ; une fois les projets terminés, aucun effort ne se poursuit.

« Quels que soient les efforts entrepris pour lutter contre ce fléau environnemental, ceux-ci ne seront qu’une goutte d’eau dans un océan de déchets, tant que la production mondiale de plastique ne sera pas significativement réduite », affirme un notable de la commune rurale de Ramena.

La réalité actuelle est sans appel : même lors des cérémonies officielles, ce sont encore des bouteilles en plastique qui trônent sur les tables. Que ce soit dans les grandes surfaces, les petits commerces ou tout autre point de vente, le plastique demeure omniprésent dans les emballages. Il en est ainsi, notamment, pour les produits alimentaires, les cosmétiques, les boissons, les produits ménagers, entre autres.

Cette dispersion incontrôlée a de lourdes conséquences. Les animaux marins, les oiseaux et même certains mammifères terrestres peuvent ingérer ces déchets ou s’y retrouver piégés. Cela provoque des blessures, des maladies, voire la mort. De plus, avec le temps, les plastiques se fragmentent en microplastiques, invisibles à l’œil nu, qui contaminent les sols, les eaux et entrent dans la chaîne alimentaire. En mer, les déchets plastiques forment d’immenses zones de pollution. Cette omniprésence du plastique souligne l’urgence d’agir à la source du problème, en repensant les modes de production et de consommation du jetable.

Raheriniaina

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