S’envisager Pape

Donald Trump, le président des États-Unis, s’était rendu à Rome pour s’incliner devant la dépouille du pape François. Sur un mode de communication bien à lui, il a fait savoir qu’il aimerait devenir Pape. Et à quelques jours de l’ouverture du Conclave devant élire le prochain chef de l’Église catholique, voilà Donald Trump qui se met en scène IA en grand habit pontifical. 

Certains catholiques peuvent y voir de l’irrespect. «Mamotsifotsy», dirait-on en malgache, dont le synonyme, «Manamavo», donné par le «Rakibolana», joue sur les couleurs. Pourtant, que le «POTUS» (President Of The United States), quel que puisse être le caractère de celui en exercice, désire encore plus que ce qu’il n’a déjà, c’est-à-dire tout aux yeux du reste du monde, peut constituer un indice de la singulière importance de la papauté. 

Donald Trump ne s’est pas imaginé en Guru hindou, pourtant substitut didactique de Brahma, Vishnu et Shiva. Ni en Grand Rabbin d’Israël. Ni en Dalaï Lama. Ni en patriarche de Moscou et de toutes les Russies. Ni en Aga Khan (dont le 50ème imam des Ismaéliens nizarites vient d’être intronisé suite au décès de son prédécesseur en février 2025). 

Staline aurait demandé, «Le Pape, c’est combien de divisions ?». Sa Garde suisse, «la plus petite armée du monde», n’a sans doute même pas l’effectif d’un régiment, mais le Vatican revendique 1,4 milliard de catholiques dans le monde.

Le prestige du «vicaire du Christ» tient moins à de vulgaires statistiques qu’à sa longue cohabitation avec les plus grands empereurs et monarques de droit divin. Le plus prestigieux d’entre eux, Charles Quint (1500-1558), Empereur du Saint Empire romain germanique, aurait dit : «J’ai appris l’italien pour parler au pape ; l’espagnol pour parler à ma mère ; l’anglais pour parler à ma tante ; l’allemand pour parler à mes amis ; le français pour me parler à moi-même». Un fait historique passé au rang d’adage politique, «aller à Canossa», rappelle comment, en 1077, l’empereur d’Allemagne, Henri IV, fit pénitence pour obtenir le pardon du pape Grégoire VII, dans l’affaire dite des «querelles des investitures». Rappelons également que, dès l’an 800, c’est un pape, Léon III, qui couronna Charlemagne «empereur d’Occident».

D’abord «simple» vicaire de Rome, le pape existe depuis dix-sept siècles. Une liste encore plus longue que la généalogie du monarque anglais dont le décès (du précédent) et le couronnement (du successeur) tiennent déjà de l’événement planétaire. Pape catholique et roi anglais n’ont pas plus de pouvoir temporel, l’un comme l’autre. Au-delà, c’est bien ce quelque chose d’indéfinissable, dont on a confusément conscience, qui peut fasciner même un président des États-Unis.

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

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