RÉSEAUX SOCIAUX - Les évêques appellent à l’arrêt des invectives

Des membres de la Conférence épiscopale lors de la messe en la mémoire du Pape François, le 23 avril, à Antanimena.

Le pèlerinage national qui s’est tenu à Ampefy, durant le week-end, a été conclu par un message adressé à la nation par la Conférence des évêques de Madagascar. Prêchant l’amour pour son prochain, les évêques en appellent à cesser les mauvaises pratiques du quotidien.

“Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres.” Il s’agit d’un verset tiré de l’Évangile de Saint Jean, lu durant la messe clôturant le pèlerinage national de l’Église catholique, qui s’est tenu à Ampefy, dimanche. Un événement qui a consisté à placer Madagascar sous la protection du Sacré-Cœur de Jésus.

Cette messe a été conclue par un message de la Conférence des évêques de Madagascar (CEM), adressé aux fidèles, mais aussi à la nation. En substance, elle appelle à traduire en actes, dans la vie quotidienne, le commandement du Christ. “On ne peut pas construire une société harmonieuse avec la haine. Sans l’amour, suivant le commandement de Jésus, nous ne pourrions pas avoir une société malgache harmonieuse, paisible et où il fait bon vivre, à laquelle nous aspirons”, soutient la déclaration lue par Monseigneur Gabriel Randrianantenaina, évêque de Tsiroanomandidy.

La Conférence épiscopale en appelle à prendre exemple sur le Sacré-Cœur de Jésus : vivre en faisant preuve d’amour, de miséricorde et de pardon, et ainsi “en imprégner la nation”. Les évêques mettent alors à l’index les excès et dérives du quotidien, sans épargner aucun acteur de la société. Ils en appellent particulièrement à l’arrêt des invectives et des dérives sur les réseaux sociaux. À entendre le ton de sa voix, Monseigneur Randrianantenaina a, visiblement, voulu mettre l’accent sur ce point lors de la lecture du message des évêques.

Les insultes fusent de part et d’autre sur les réseaux sociaux : les lynchages et règlements de comptes digitaux, les publications de fausses informations, les railleries basées sur le genre, sur la race, sur le physique ou même sur la condition sociale, les délations, les accusations à tort, les publications sans respect de la dignité humaine sont autant d’exemples des dérives sur les réseaux sociaux. Certains y tiennent même des discours xénophobes, ou pouvant nuire à la paix sociale et à l’unité nationale.

Renforcer l’amour du prochain

“Démontrons dans tout ce que nous faisons que notre cœur est le cœur de Jésus. Évitez le mal, la vengeance, la calomnie, la tromperie, la corruption, le mépris des autres, le fait d’ignorer les défauts et les mauvaises actions des autres, le langage grossier et les insultes injustes sur les réseaux sociaux. Toutes les choses que nous avons énumérées font partie de notre vie quotidienne, mais elles n’expriment pas l’amour et ne sont donc pas adaptées au cœur, ni en harmonie avec le Sacré-Cœur de Jésus”, soutient alors la CEM.

L’évêque de Tsiroanomandidy est réputé pour son éloquence dans ses prises de parole en public. Toutefois, dans sa lecture de la déclaration de la Conférence épiscopale, dimanche, il a un ton plus volontaire et plus engagé qu’à l’accoutumée. Dans son appel vibrant à l’amour pour son prochain, à la paix et à l’harmonie, par la voix de Monseigneur Randrianantenaina, la CEM lance ce qui sonne comme une injonction couplée à un cri de mobilisation aux fidèles catholiques malgaches, mais aussi à la population entière. “Renforçons l’amour du prochain”, scande le prélat à la fin de sa prise de parole.

“Soyons le cœur battant de Jésus. Vivons et répandons l’amour de notre prochain, partout où nous sommes : à la maison, dans la vie de famille, au travail, en politique, dans la quête d’une économie inclusive et du bien-être de tous, dans la société, par le respect de l’environnement, dans les villes et les villages où nous vivons”, recommandent les évêques de Madagascar. Ils ajoutent que l’amour du prochain ne doit pas rester de vains mots. Il doit être traduit en “acte visible au quotidien”.

La Conférence épiscopale s’adresse particulièrement aux fidèles catholiques de Madagascar dans un paragraphe de sa déclaration. “Nous, vos évêques, sommes convaincus que, même si ce sont juste les chrétiens catholiques, respectueux et fidèles au Sacré-Cœur de Jésus, qui s’efforcent d’être remplis d’amour, de l’amour de son prochain, dans tout ce qu’ils font et dans tout ce qu’ils sont, le monde et notre nation vont changer”, soutient ainsi la CEM. Elle concède cependant que “ce n’est pas encore le cas”, en ajoutant : “c’est la raison pour laquelle nous vous demandons de renforcer l’amour du prochain.”

Garry Fabrice Ranaivoson

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