Poudrière 

Dans une gendarmerie, quand un gendarme rit, tous les gendarmes rient. Le contraire est aussi vrai. Et c’est plutôt le cas en ce moment. Deux colonels ont fait l’actualité ces derniers jours en l’occurrence le médecin-colonel Patrick Rakotomamonjy et le colonel Tahina Ravelomanana. Le premier a pu s’évader alors qu’il était en garde à vue au Toby Ratsimandrava après avoir été soupçonné d’être le poseur de cocktails Molotov en deux endroits de la capitale. Ensuite le colonel Tahina Ravelomanana, directeur de la police judiciaire de la gendarmerie, tenu pour responsable de l’évasion du médecin-colonel, a été limogé illico presto. 

Une décision qui a fait monter la moutarde au nez du président du Sénat, le général Richard Ravalomanana, ancien secrétaire d’État à la gendarmerie, ancien commandant régional de la gendarmerie à Analamanga. Il a carrément pris la défense du colonel Tahina Ravelomanana qu’il a qualifié d’intègre et d’irréprochable dans l’exercice de ses fonctions. Une prise de position très nette et sans équivoque. Le général Richard Ravalomanana est allé jusqu’à affirmer que personne ne peut prétendre mieux connaître les gendarmes que lui, ni le Premier ministre, ni le président de la République. 

Une déclaration fracassante qui a secoué le microcosme politique en général et l’armée en particulier. Deux officiers supérieurs importants sont victimes d’une vague de sanctions. Si le colonel Tahina Ravelomanana est un officier modèle à en juger les plaidoiries du général Richard Ravalomanana, le colonel Patrick Rakotomamonjy n’est pas moins un médecin très apprécié au sein de la grande famille des militaires. Son épouse, incarcérée pour l’affaire de cocktails Molotov avant d’être libérée sur la demande du président de la République, est également un médecin à l’hôpital de Soavinandriana. On peut donc comprendre pourquoi le colonel Patrick Rakotomamonjy a pu bénéficier des largesses pour pouvoir prendre la poudre d’escampette. 

L’affaire risque ainsi de prendre des proportions plus graves si elle n’est pas maîtrisée eu égard à la réaction du général Richard Ravalomanana. Un incident a priori léger mais traité de façon maladroite qui risque de devenir une véritable poudrière. 

Sylvain Ranjalahy

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