Que reste-t-il du 1er mai? La fête du travail, l’événement préféré des syndicats, n’est plus que l’ombre de son ombre. À peine quelques travailleurs ont animé la journée à travers un défilé dans certaines rues de la capitale. À croire que le nombre de travailleurs et la croissance de la population sont deux grandeurs indirectement proportionnelles. Qu’il est loin le temps où le 1er mai était une journée fort animée par les différents syndicats affiliés aux partis politiques. Entre le Serema et le syndicat du MFM, c’était une lutte d’influence acharnée durant la seconde république. C’était également la période où les partis politiques avaient une base et où l’enrichissement par le biais d’un poste politique n’était pas la finalité.
Le syndicalisme est en déclin depuis plusieurs années pour différentes raisons. Les grands partis ont disparu avec leurs mentors et gourous, sans laisser de traces, sinon quelques vestiges à peine perceptibles. Les syndicats leur ont emboîté le pas. D’autres sont venus occuper le vide avec à leurs têtes des opportunistes qui se réclament défenseurs des droits des consommateurs ou d’autres secteurs. Il est évident que leur audience et leur influence sont limitées. Un manque de crédibilité qui affaiblit le poids des syndicats et des travailleurs. Or, le monde du travail a besoin de syndicats forts pour faire entendre sa voix et ses droits. Les conditions de travail ne répondent plus aux exigences de la vérité des prix depuis plusieurs régimes. L’écart se creuse d’une année à l’autre sans qu’on puisse espérer que le taux de croissance pourrait le combler. Mais ceux qui ont un emploi peuvent s’estimer heureux, étant donné qu’ils ne représentent qu’un faible pourcentage de la population active. Le taux de chômage constitue un problème plus dramatique que le niveau de salaire. La création d’emploi devrait permettre de résoudre ce fléau à travers la politique d’industrialisation, de la sécurité alimentaire, de l’extraction minière…
Un candidat à la présidentielle de 1989 avait programmé la création de deux cent mille emplois par an pour caser les nouveaux diplômés des universités ainsi que les ouvriers qualifiés. On devrait multiplier ce chiffre par dix aujourd’hui pour correspondre aux réalités, étant donné que chaque année cent mille nouveaux bacheliers sont enregistrés.
Le Groupement des Entreprises de Madagascar et le Medef international se sont concertés lors du dernier sommet de la COI pour tenter de cerner les blocages de l’entrepreneuriat et ont dressé des feuilles de route remises à qui de droit pour résoudre les problèmes. Il est clair que le secteur privé détient la clé du développement. Ainsi, une feuille de route équivaut à un mode d’emploi. Attendre et croire.
Sylvain Ranjalahy
Quand il n'y aura plus rien à voler que deviendront ces pauvres gens ?
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