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La Dr Mananarivo Ravelohanta, coordonnatrice de l’association Ainga/Aides. |
Les organisations de la société civile de Mahajanga tire la sonnette d’alarme face aux résultats des dépistages du VIH/Sida réalisés dans la ville.
La société civile de Mahajanga tire la sonnette d’alarme au vu des résultats du projet de l’observatoire du Système communautaire d’alerte sur le VIH (Sycavi) et des dépistages du VIH/Sida effectués au niveau des services de santé et des services communautaires. C’était au cours d’une séance organisée avec la coordonnatrice de l’association Ainga/Aides, la Dr Mananarivo Ravelohanta, et les représentants de la société civile locale, mercredi, au restaurant Le Coco Lodge à Mahajanga Be. Un message a été ainsi adressé à tous les responsables et autorités face aux problèmes systémiques rencontrés par les personnes vulnérables, notamment les populations clés les plus exposées aux risques de transmission du VIH/Sida.
« Les derniers résultats du Sycavi, lors des dépistages à Mahajanga, montrent que sur les 2 179 personnes dépistées, vingt-huit sont confirmées porteuses du VIH/Sida. Les populations clés ne sont plus les seules affectées par ce fléau, car la population en général est désormais concernée. Les populations clés comprennent, les deux genres confondus, les travailleurs du sexe, les homosexuels, les usagers de drogues par injection, ainsi que les personnes vivant avec le VIH/Sida », prévient la coordonnatrice.
Soins
« Nous lançons une alerte sur le manque criant de ressources et de médicaments, les pénuries d’intrants pour le dépistage et les soins, l’accès limité aux services de mesure de la charge virale, ainsi que l’insuffisance du personnel de santé, notamment de médecins référents. Si ces problèmes ne sont pas résolus, le taux de prévalence continuera d’augmenter », insiste-t-elle.
En octobre 2024, la Dr Mananarivo Ravelohanta a participé au 20e colloque régional sur le VIH dans l’océan Indien. À l’occasion, elle a présenté les derniers résultats du Sycavi. Lancé en 2021, ce projet vise à améliorer l’accès complet aux soins pour les populations clés et les personnes vivant avec le VIH, grâce à des enquêtes de terrain menées dans cinq villes de Madagascar.
Médecin et coordonnatrice de l’association Ainga/Aides depuis 2009, la Dr Mananarivo Ravelohanta connaît aussi bien le milieu médical que le système communautaire. « Ma double expérience a renforcé mon engagement à développer les liens entre ces deux systèmes. Dans le système médical classique, l’enjeu majeur est celui de l’accessibilité, tandis que le système communautaire est porteur de solutions : améliorer l’accès à la prévention, au dépistage et au traitement du VIH pour les populations clés passe par une évaluation précise de la réalité du terrain et l’écoute des personnes concernées, là où elles se trouvent », indique-t-elle.
La région Boeny est classée zone rouge et arrive en troisième position, après Analamanga et Atsinanana, en termes de taux de prévalence du VIH/Sida à Madagascar, selon les statistiques de 2022. Selon un rapport de l’Onusida publié en octobre 2023, la région Boeny fait partie des zones rouges en matière de VIH/Sida. Les jeunes en sont les principales victimes.
Madagascar a lancé un vaste projet et une campagne de lutte contre le sida depuis une vingtaine d’années, en partenariat avec le Programme national de lutte contre le sida (PNLS).
En 2023, on estimait à soixante-seize mille le nombre de personnes vivant avec le VIH à Madagascar, et à environ trois mille le nombre de décès liés à des maladies associées au sida.
Vero Andrianarisoa