Exutoire

Tout le monde veut s’échapper de l’enfer qu’est devenue la ville d’Antananarivo, sa foule, ses embouteillages, ses bruits, ses odeurs, sa pollution, son indiscipline, son anarchie. Tout est bon pour se ménager une parenthèse dans ce quotidien qui rabat la joie, qui exacerbe l’amertume, qui tape sur les nerfs. 

Un long weekend comme un simple 1er mai et  des milliers d’automobiles envahissent les routes nationales. Par ici, la sortie. Et tant pis s’il faut en passer par l’enfer d’Anosizato-Ampitantafika vers Ampefy. Qu’y faire si, parfois, rouler au pas sur le bypass vers Iavoloha prend autant de temps qu’il en faut pour arriver à Behenjy. Le carrefour de Mahazo comme le rond-point d’Ambohimangakely sont à des années-lumière de la certaine idée qu’on se fait de la civilisation et ne présagent rien des menus plaisirs qu’on se promet à Mantasoa ou Mandraka. Quant à Mahitsy, l’inénarrable Mahitsy, dont on se demande dans quelle autre vie une «Auberge d’Alsace» avait pu jadis y prospérer...

Perdre patience à s’énerver pourquoi les embouteillages de Sabotsy-Namehana commencent dès Ankadikely-Andombontany. Mieux que l’escouade de policiers, qui se démènent en vain, peut-être une proposition d’aménagement de son territoire par le Maire de céans. Dès la sortie d’un centre-bourg tout aussi saturé que la Capitale, la route d’Ambohimanga invite à engager la troisième sinon la quatrième jusqu’au prochain arrêt de bus improvisé à même la moitié de la chaussée, sinon le premier des nombreux trous de la digue entre Antsofinondry et Anosy-Avaratra. 

À vouloir emprunter les pistes de traverse, dont l’état secondaire est cette fois conforme aux attentes, on a tout loisir de philosopher sur ce qui s’apparente déjà à une question civilisationnelle. Faut-il que les terminus/primus des transports en commun se muent obligatoirement en ces gargotes qui squattent les bas-côtés et débordent sur une route déjà passablement étroite. Ankadikely au pied du Rova d’Ilafy, vers Betsizaraina au pied de la colline d’Ambohibe. Relents, remugles, miasmes sur fond de clameur incessante, brouhaha permanent, impression de tumulte continuel là où d’autres viennent (de loin) chercher dépaysement et exotisme. 

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

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