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Le cardinal Désiré Tsarahazana a prêté serment sur l’Évangile qu’il gardera le secret sur tout ce qui concerne l’élection du Pape. |
Le conclave pour l’élection du nouveau Pape a débuté hier, à la chapelle Sixtine, au Vatican. Cent trente-trois cardinaux électeurs, dont le cardinal Désiré Tsarahazana, y sont enfermés jusqu’à ce que l’un d’eux obtienne les deux tiers des votes.
Il est 18 heures 45, heure de Madagascar, hier. Monseigneur Diego Ravelli, maître des célébrations liturgiques pontificales, ferme les portes de la chapelle Sixtine, après avoir prononcé l’«extra omnes», une locution latine qui signifie «tous dehors». Par ces mots, le prélat intime à tous les non-électeurs l’ordre de quitter la chapelle Sixtine.
Cette scène marque le début du conclave pour l’élection du nouveau Pape. Les cent trente-trois cardinaux électeurs y resteront jusqu’à ce que l’un d’entre eux obtienne les deux tiers des votes pour être désigné Pape. Après un premier vote, une fumée noire est sortie de la cheminée de la chapelle Sixtine, hier à 22 heures, heure de Madagascar. Ce qui indique qu’aucun des cardinaux n’a obtenu les deux tiers des votes pour être consacré souverain pontife.
Le cardinal Désiré Tsarahazana, archevêque de Toamasina, fait partie du collège des cardinaux. Il participe à son premier conclave et a été le 60e à voter durant le premier scrutin qui s’est tenu hier soir. Certains sont curieux de savoir «pour qui a voté ou votera le cardinal Tsarahazana». Il est peu probable qu’il y apporte une réponse. À l’instar de ses pairs, il a prêté serment sur l’Évangile «de garder le secret sur tout ce qui concerne d’une manière quelconque l’élection du Pontife Romain et sur ce qui se fait dans le lieu de l’élection et qui concerne directement ou indirectement les scrutins», sous peine d’excommunication.
La question de savoir si l’Église catholique de Madagascar a discuté préalablement du choix du futur Pape avec le cardinal Tsarahazana, ou du moins si elle aspire à un profil particulier, a été posée à Monseigneur Gabriel Randrianantenaina, secrétaire général de la Conférence des évêques de Madagascar (CEM). «À l’instar des fidèles catholiques du monde entier, ceux de Madagascar n’ont ni préférence, ni profil particulier quant à celui qui sera Pape», réplique-t-il.
À entendre Monseigneur Randrianantenaina, il n’y a pas eu de discussion préalable avec le cardinal Tsarahazana. «(...) de n’aider ou de ne favoriser aucune ingérence, opposition ni aucune autre forme d’intervention (...)», figure justement dans le texte du serment qu’a prononcé l’archevêque de Toamasina et les autres cardinaux électeurs avant le début du conclave, hier.
Équilibre Nord-Sud
En réponse aux sollicitations des journalistes présents au Vatican, les cardinaux répondent systématiquement que leur choix sera guidé par le Saint-Esprit. Toutefois, ils auraient pu en discuter entre eux, ou bien se faire une idée de celui pour qui ils vont voter durant la congrégation générale des cardinaux qui s’est déroulée ces derniers jours. Chaque cardinal y a exprimé son sentiment sur les problèmes de l’Église, faisant des propositions d’amélioration.
Feu le pape François se serait démarqué durant la congrégation générale. Les analystes internationaux émettent l’hypothèse que la conjoncture politique internationale pourrait être déterminante dans le choix du futur souverain pontife. La vision portée par le nouveau successeur de Saint-Pierre déterminera l’orientation de l’Église catholique. Certains veulent que l’approche progressiste et inclusive portée par feu le pape François se poursuive.
D’autres veulent un retour à une ligne plus conservatrice. Il y a ceux qui plaident pour une voie qui fasse consensus entre ces deux positions. Le profil des «Papabili» ou des favoris pour être élus, semble justement osciller entre ces trois visions. Seulement, comme le martèlent les spécialistes du Saint-Siège, il est rare que des «Papabili» soient élus Pape. Il y a ceux qui basent leur prévision de l’issue du conclave sur la composition du collège des cardinaux.
Depuis 2013, la répartition Nord-Sud s’est équilibrée, bien que les Européens restent majoritaires, avec cinquante-trois cardinaux. Vingt-trois cardinaux sont asiatiques, dix-huit Africains, vingt-trois viennent d’Amérique du Sud, quatorze d’Amérique du Nord et quatre d’Océanie. «L’Europe n’est plus le moteur de l’Église. Le Sud prend de plus en plus de place. Peut-être qu’ils voudront un Pape qui parlera un peu plus au nom du Sud. Certains courants attendent toutefois que le nouveau Saint-Père soit capable de faire entendre toutes les voix», indique un théologien interrogé sur le sujet.
Sur la suite du scrutin, à partir d’aujourd’hui, il y aura deux tours de scrutin, le matin et l’après-midi. Après trois jours sans résultat, les scrutins sont suspendus pendant une journée au maximum. Le vote reprendra ensuite selon la même forme, et après sept tours de scrutin, si l’élection n’a pas lieu, une nouvelle pause est organisée. Les cardinaux procéderont ensuite à une nouvelle série de sept scrutins.
S’il n’y a toujours pas d’élu, seuls les deux noms ayant obtenu le plus grand nombre de voix au scrutin précédent deviennent éligibles. La Constitution apostolique Universi Dominici Gregis souligne que le Pape ne peut être élu que s’il obtient au moins les deux tiers des suffrages des cardinaux électeurs.
Garry Fabrice Ranaivoson