ÉCONOMIE BLEUE  - Valoriser les océans sans les épuiser

Des Africains en mission aux Fidji pour échanger  sur la gestion durable des zones marines.

Entre préservation de la biodiversité et développement économique, Madagascar affine sa stratégie d’économie bleue, en s’inspirant des bonnes pratiques observées aux Fidji.

Du 4 au 8 mai, une délégation de cinq pays africains, dont Madagascar, a participé à une mission aux îles Fidji dans le cadre du projet « Grand Paysage Marin ». Cette initiative, soutenue par Conservation International, l’UICN et Mission Inclusion Canada, visait à partager des stratégies de gestion durable des ressources marines. L’objectif était de comprendre comment les Fidji, petit archipel du Pacifique, parviennent à protéger leur environnement marin tout en générant des revenus grâce à des pratiques responsables.

Les méthodes fidjiennes reposent sur une collaboration étroite entre les communautés locales, les autorités et les scientifiques, afin de maintenir un équilibre entre exploitation et préservation.

« Aux Fidji, les communautés locales sont directement impliquées dans la gestion de leur environnement. Cela garantit une durabilité tout en générant des bénéfices économiques », explique Rado Rakotosoa, directeur général de l’Économie bleue et chef de la délégation malgache.

Cette mission vise également à soutenir l’engagement de Madagascar et de ses voisins à protéger 30 % de leurs zones marines d’ici 2030, dans le cadre de l’ambitieux projet de la Grande Muraille Bleue.

Durabilité

À Madagascar, l’économie bleue se concrétise à travers la planification spatiale marine, un outil qui permet d’organiser l’espace marin pour équilibrer la protection, l’exploitation et le développement économique.

Un responsable du ministère de la Pêche et de l’Économie bleue précise : « Il ne s’agit pas de conserver pour conserver, mais d’assurer une gestion durable. Nous établissons des périodes de fermeture pour certaines espèces, comme le poulpe ou la langouste, en fonction des études scientifiques. »

Des régions pilotes, comme Diana et Atsimo Andrefana, bénéficient déjà de cette approche. Des comités locaux réunissant communautés, collectivités territoriales et services techniques assurent la mise en œuvre sur le terrain.

« Ce n’est pas uniquement une affaire du ministère. Il faut que les communautés s’approprient le projet », ajoute un responsable.

Les retombées sont nombreuses : meilleure qualité des eaux, protection des récifs et des mangroves, hausse de la productivité des pêches, et renforcement de la résilience face au changement climatique. Ce système contribue également à la lutte contre la pêche INN (illégale, non déclarée et non réglementée).

Face à la pression croissante sur les ressources halieutiques, le gouvernement mise aussi sur le développement de l’aquaculture pour répondre à la demande alimentaire.

« Il faut encourager les gens à élever des poissons, car la population augmente, tandis que les ressources marines restent limitées », souligne le ministère.

Irina Tsimijaly

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne