ANKILIMALINIKE - Le Président rencontre les opposants à Base Toliara

Le couple présidentiel a été chaleureusement accueilli par les habitants d’Ankilimalinike, samedi.

Un débat populaire sur le projet Base Toliara s’est tenu dans la commune d’Ankilimalinike, district de Toliara II, samedi. Le président de la République a échangé de vive voix avec ceux qui s’opposent au projet.

À bâtons rompus. Les échanges ont été francs et sans langue de bois dans la commune d’Ankilimalinike, dans le district de Toliara II, samedi. Le sujet central était le projet Base Toliara. Les protagonistes : Andry Rajoelina, président de la République, accompagné d’une forte délégation gouvernementale, dont Christian Ntsay, Premier ministre, d’une part ; et d’autre part, les habitants de la commune, en particulier les irréductibles opposants au projet d’exploitation minière. Se faisant discrets, les principaux responsables de Base Toliara étaient également présents.

Comme l’a indiqué le Président, le choix d’Ankilimalinike s’explique par le fait que la commune est au carrefour du site d’exploitation du projet Base Toliara. Le rendez-vous de samedi, selon lui, visait à écouter les motivations de ceux qui s’opposent au projet, à apporter des explications et à dissiper les doutes.

« Ne laissons pas les différences d’opinion nous diviser. Il y a ceux qui s’opposent au projet car ils se demandent s’il apportera de bonnes ou de mauvaises choses. Je suis ici pour vous écouter et dissiper les doutes », a déclaré Andry Rajoelina.

En signe d’apaisement, les personnes interpellées lors des manifestations contre le projet ont été relâchées. À la tribune, samedi, le représentant de l’association Mazoto, qui regroupe les contestataires les plus virulents, ainsi que le colonel retraité Rodney Rehosy Fanampera, figure des anti-Base Toliara, ont pris la parole. Les interventions ont convergé sur le fait que les contestations découlent d’appréhensions et d’incompréhensions vis-à-vis du projet.

Comme l’a exprimé le colonel à la retraite :  « Ce que nous déplorons dans l’approche des gens de Base Toliara, c’est qu’ils n’apportent pas d’explications, mais se contentent de déclarations. S’il y avait eu des explications dès le départ, ils auraient peut-être pu convaincre la population. »

Le représentant de l’association Mazoto a, quant à lui, évoqué des inquiétudes concernant l’impact du projet sur la qualité de l’eau douce et de l’eau de mer, la qualité du sol, l’agriculture et la pêche, les risques sanitaires, les effets sur l’environnement, et la liberté de circulation sur les terres ancestrales.

Des réponses

« On a même entendu que le projet allait creuser jusqu’à 80 mètres de profondeur afin d’extraire le minerai. Qu’adviendra-t-il de nos terres alors?», s’est interrogé le représentant de l’association Mazoto.

Prenant la parole, le président Rajoelina a reconnu que : « Les doutes doivent effectivement être dissipés. Toutes vos questions doivent recevoir des réponses. Ce qui manque, ce sont les explications et les échanges. C’est la raison pour laquelle je suis ici. Ayez confiance en moi. Je ne ferai rien qui puisse nuire à la population malgache, à celle du Sud. »

Le locataire d’Iavoloha a ensuite demandé à Olivier Herindrainy Rakotomalala, ministre des Mines et des Ressources stratégiques, d’apporter des précisions : « Le minerai se trouve à 15 mètres de profondeur au maximum, et non à 80 mètres. Seules 6 % des terres seront déplacées. Les trous creusés seront immédiatement rebouchés. Il n’y aura donc pas de trous béants. Le projet prévoit également des forages pour puiser de l’eau et utilisera un système de recyclage. Il ne touchera pas à l’eau utilisée par les habitants », a expliqué le ministre.

Il a également précisé que : « L’exploitation se situe à 8 kilomètres de Ranobe et ne touche en rien la forêt de baobabs, qui est une aire protégée interdite à toute forme d’exploitation. »

Dans la foule, les partisans du projet se sont aussi fait entendre. Marcel Tsiamby, habitant de Benetsy, a cependant rappelé que : « La crise de confiance avec Base Toliara vient aussi des promesses non tenues par Toliara Sands. Les compensations promises pour les terrains n’ont pas encore été versées. Sur plus de quatre-vingts sépultures déplacées et à reconstruire, une cinquantaine ne l’ont toujours pas été. »

Le président de la République a assuré que l’autorisation donnée à Base Toliara n’a été délivrée qu’après des études approfondies, aussi bien sur les retombées positives pour les localités concernées et pour le pays, que sur les risques potentiels. Il a aussi affirmé que les projets inscrits dans les engagements sociaux de l’entreprise démarreront immédiatement. La liste de ces projets a été énumérée de vive voix devant les habitants d’Ankilimalinike. Un comité des sages sera chargé du suivi de leur mise en œuvre.

Affirmant avoir lui-même conduit les négociations sur ce projet minier : « Afin d’en tirer le meilleur pour la population, le pays et les localités concernées », Andry Rajoelina a insisté sur le fait que « l’exploitation appropriée de nos ressources est l’une des clés de notre développement ».

Il a appelé les habitants d’Ankilimalinike à :  « Avancer ensemble dans la concrétisation du projet et dans le développement. Si j’avais fait quelque chose de mal, je n’aurais jamais osé venir ici. Je suis ici, car je suis sûr d’avoir fait le bien et de ne rechercher que le meilleur pour vous. » 

Garry Fabrice Ranaivoson

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