Trumpette dans un verre d’eau 

Le président américain Donald Trump se croit-il infaillible, omnipotent ? On en a l’impression avec la manière dont il mène les affaires. Il vient de livrer une guerre commerciale contre le monde entier avec le décret qui fixe les taxes douanières pour une cinquantaine de pays. Il espère que le monde s’agenouillera devant lui. Donald Trump semble ignorer l’histoire de son propre pays et la grande crise de 1929. Aussi curieux que cela puisse paraître, le contexte paraît exactement le même. En 1930, le président républicain Herbert Hoover avait promulgué la loi Hawley-Smoot qui relevait les droits de douane de 40% sur plus de vingt mille produits importés. L’État américain comptait renflouer sa caisse et atténuer les effets de la crise, mais ce fut une catastrophe. L’économie américaine s’est davantage effondrée et la crise née du krach de Wall Street s’est aggravée. Les prix des produits alimentaires et des services ont augmenté de façon exorbitante au détriment des consommateurs américains. La colère des Américains coûta sa place au président Herbert, battu par le démocrate Franklin Roosevelt à l’élection présidentielle de 1932.

Les Américains croyaient que les autres pays allaient facilement se soumettre à la loi du plus fort. Ce ne fut pas le cas. Des mesures de rétorsion réciproques ont été observées. La tendance protectionniste initiée par les États-Unis avait pour conséquence une baisse de 40% des échanges commerciaux mondiaux et un net ralentissement du commerce mondial. 

On ne voit pas comment les mêmes causes ne produiront pas les mêmes effets presque un siècle après. Avec la riposte de la Chine et des pays européens, on assistera à une escalade et à un dérèglement total des échanges commerciaux. C’est peut-être un mal pour un bien étant donné que la décroissance aidera à réduire l’émission de gaz à effet de serre des pays pollueurs pour sauver la planète. Un accord pris lors du COP 21 à Paris auquel Donald Trump a retiré les États-Unis le lendemain de son investiture. Il risque de s’y soumettre ipso facto. 

Outre les réponses du berger à la bergère, comme l’a fait la Chine, d’autres alternatives sont envisageables pour contourner ce décret scélérat. La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum montre la voie en soulignant que Trump a tourné le dos à sept milliards de consommateurs qui n’auront aucun mal à troquer iPhone contre Samsung, Levi’s contre Zara, Ford ou Chrysler contre Toyota ou Volkswagen, Nike contre Adidas, McDonald’s contre Flunch, Disney contre Xcaret à Cancun. Sans oublier les atouts touristiques à travers le monde que les États-Unis ne disposent pas.

Il ne faut pas ainsi en faire un drame. Même les petits pays exportateurs, à l’image de Madagascar, peuvent se tourner vers ces sept milliards de consommateurs à travers le monde, hors États-Unis, qui risquent de vivre en autarcie avec leur politique protectionniste exacerbée. D’ailleurs, on voit mal Trump accorder des faveurs à un pays comme Madagascar qui avait bénéficié de la plus grande subvention dans la lutte contre le palu et le sida, mais qui reste un pays où ces deux fléaux restent d’actualité. Mais qui sait ?

Sylvain Ranjalahy

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