Ni Dieu ni maître

Une journée mondiale des enfants de rue. Qu’est-ce qui s’en soucie? C’est passé plus ou moins inaperçu. Il y a tellement de problèmes ici comme ailleurs qu’il y a peu de temps et de place à consacrer aux « sous hommes ». Eh oui, les enfants de rue n’ont d’existence que leur nom, ou plutôt leur surnom. Car de nom ils n’en ont pas. Ils n’ont pas d’état civil. Ils naissent n’importe où, en tout cas rarement dans une maternité, et n’ont aucun document d’état civil. Ils n’ont ni Dieu ni maître. 

Leurs parents, dans la plupart des cas en difficulté, se contentent de les mettre au monde, étant donné qu’il n’y a de richesse que d’hommes ou d’enfants. Plus ils sont nombreux, plus on a une armée de réserve qu’on peut envoyer mendier.

Bien évidemment, ces enfants vont rarement à l’école et n’ont pratiquement pas d’avenir, faute de papiers. La rue constitue leur patrie, leur seul patrimoine. Ils y sont nés et y grandissent. 

Ils sont plus d’un million à se trouver dans cette situation dans tout le pays, selon certaines sources humanitaires. Et leur nombre ne cesse d’augmenter, en parallèle avec le niveau de pauvreté. Et plus ils sont nombreux, plus il est difficile de les recenser et de leur venir en aide, pour qu’ils existent administrativement et humainement. 

Il faut dire que leur existence expose la société à une insécurité permanente, étant donné que, sans éducation, sans document vital, sans avenir, ils tombent facilement dans le banditisme. 

Cette communauté d’enfants de rue pose problème dans la gestion d’une ville comme Antananarivo, concernant la propreté, le respect des biens publics, la santé… Qui plus est, la capitale vient de se refaire une toilette en vue du Sommet de la COI. 

On s’intéresse surtout à leur cas en période électorale. Ils constituent une bonne réserve de voix. On s’efforce alors de leur donner une copie, puis une carte électorale. Des visées ignobles qui ne visent guère le développement de tout homme et de tout l’homme. 

Plusieurs ONG font beaucoup d’efforts pour réintégrer les enfants de rue dans la société, essaient de leur donner un meilleur environnement, une éducation… mais la tâche est colossale. Il faut une volonté politique de l’État et un projet structurant pour éradiquer ce fléau. On peut toujours garder espoir surtout en cette semaine sainte où tous les miracles sont permis, sauf la solution au délestage et aux coupures d’eau. 

Sylvain Ranjalahy

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