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Minaoky Durin, président de l’Association Hazomanga. |
Minaoky Durin, président de l’Association Hazomanga œuvrant pour la préservation de la culture Sakalava Menabe, a expliqué les raisons du report du rapatriement du kabeso du Roi Toera et a détaillé les rites ancestraux qui encadreront cette cérémonie historique.
Le rapatriement du kabeso du Roi Toera est reporté en août en raison d'exigences liées à la culture Sakalava Menabe. Pouvez-vous nous expliquer ce report ?
Chez les Sakalava du Menabe, nos cérémonies et traditions se tiennent principalement en août, voire en septembre. Après une rencontre avec le président de la République, il a été décidé que le kabeso du roi Toera et ses deux guerriers seront restitués en août, car en avril, selon notre tradition, nous observons un mois de silence. En avril, aucune célébration ou pratique rituelle n'est autorisée, sinon recevoir le kabeso en ce mois entraînerait de graves conséquences.
Selon votre culture, quel rituel doit-on suivre lors de la réception de ces crânes ?
C'est une première dans l'histoire des Sakalava. Jamais auparavant des crânes, autrefois conservés par les Français, n’avaient été traités de cette manière. Ce sont les Dady, gardiens des esprits du roi, qui prodigueront les conseils nécessaires. En outre, le rite prévoit que les crânes ne soient pas placés dans la soute d'un avion, mais tenus par une personne spécialement désignée. Nous choisirons également le bon jour pour le voyage, notamment lors de la phase de lune croissante, et il faudra abattre des zébus pour obtenir le sang sacré nécessaire selon la tradition des rois.
Et comment doivent être traités et recouverts les restes du Roi Toera ?
Les restes du roi doivent être enveloppés dans un Lamba Landy, un tissu traditionnel réservé exclusivement aux souverains. Quant au cercueil, il doit être confectionné à partir de bois de Nato, conformément aux coutumes royales. Ces éléments témoignent du profond respect et de l’attention particulière accordés à nos anciens rois.
Pourriez-vous nous éclairer sur la signification du terme « Zomba » ?
Le Zomba diffère du tombeau des rois. Il s'agit d'un lieu sacré où sont déposées les reliques des souverains qui ont régné dans le foko Sakalava, mais aussi de conservation d'objets anciens tels que des armes, des Sadroa, des Lamba, des Tsihy, ainsi que de l'or et de l'argent. Pour le rapatriement, le kabeso sera placé dans un Zomba provisoire, dont on doit faire quelques rites spéciaux.
Quelles pratiques rituelles accompagneront la fabrication de ce Zomba provisoire ?
Lors de cette cérémonie, il sera indispensable d’abattre un zébu Mazava loha pour invoquer la bénédiction de nos ancêtres. La population fera des offrandes comme du matériel, de l'argent ou autres. Et d'autres rituels, parfois tenus secrets, ponctueront ce grand événement. Ces gestes rituels renforcent notre identité et notre lien avec le passé.
Nicole Rafalimananjara