DÉCÈS DU SOUVERAIN PONTIFE - Madagascar rend hommage au pape François

Le pape François, saluant les fidèles catholiques malgaches, lors de la grande messe à Soamandrakizay, le 8 septembre 2019.

Le pape François est décédé, hier matin, à sa résidence de Sainte-Marthe, où il était en convalescence. À l’instar du reste du monde, Madagascar rend hommage à un pape qui a porté une attention particulière à la dignité humaine.

Ce matin, à 7 h 35, l’évêque de Rome, François, est retourné à la maison du Père. C’est l’annonce faite par la chaîne d’information du Saint-Siège, hier. Dans la foulée, les réactions et les hommages ont inondé les médias du monde entier et les réseaux sociaux. À Madagascar, acteurs politiques, religieux et simples citoyens ont souligné un pape empreint d’humanité et d’humilité.

Les chroniqueurs du monde entier s’accordent à dire que le pape François privilégiait le contact avec les fidèles. Prêchant la paix, la tolérance, la fraternité, l’inclusivité, la bienveillance envers les démunis et les plus vulnérables, le jésuite mettait également en application le dialogue entre les religions à chacun de ses déplacements. La population malgache en a été parmi les témoins privilégiés lors de la visite du Saint-Père dans la Grande Île, en septembre 2019.

“Son humilité, sa sagesse et son message d’amour, de paix et d’espérance resteront gravés dans nos cœurs. Sa visite à Madagascar fut un moment historique d’unité et de grâce pour les Malgaches”, a réagi Andry Rajoelina, président de la République, sur son compte X. Sur Instagram, il ajoute, “(…) Ce fut un moment de grâce, de communion, d’unité et d’espérance pour tout le peuple malgache”.

Développement intégral

Jusqu’à l’heure, l’Église catholique à Madagascar n’a pas encore réagi sur la disparition de l’évêque de Rome. La seule communication officielle publiée par le secrétariat de coordination de la Conférence des évêques de Madagascar (CEM) annonce la tenue d’une messe conduite par le cardinal Désiré Tsarahazana, le nonce apostolique et le président de la CEM, “afin de remercier le Seigneur pour la bénédiction reçue par l’Église, notamment celle de Madagascar, par le biais du pape François”.

L’impact du pontificat de l’ancien archevêque de Buenos Aires ne laisse personne indifférent, néanmoins. “Le pape François a touché le cœur de tout le monde. Tout le monde l’apprécie. Il a porté une attention particulière à la dignité humaine et au respect de la nature humaine. La protection de la vie humaine lui tenait particulièrement à cœur”, souligne le père Andrianiaina Coudurier Ratsimbazafy, vicaire de la paroisse Saint-Joseph, Mahamasina.

Le père Ratsimbazafy note particulièrement que “le plus grand miracle de son voyage apostolique à Madagascar, en 2019, était d’avoir uni les Malgaches. Même les non-catholiques se sont rassemblés autour du pape François. C’était une personne qui rassemblait et qui aimait la réconciliation”. Fidèle catholique, Fara Ludger met l’accent sur la bienveillance du Saint-Père envers les plus vulnérables.

“Catholique pratiquante, engagée, ayant connu les pontificats du pape Jean XXIII, du pape Jean-Paul II, j’ai trouvé en pape François le côté bienveillant, attentif aux exclus, aux plus pauvres matériellement et spirituellement. Il nous a fait vivre une Église ouverte, accueillante, sans jugement”, réagit Fara Ludger, rappelant une phrase du pape François : “qui suis-je pour juger ?”. Elle ajoute : “Il nous a rappelé que le Christ est venu pour tous, et surtout pour ces ‘plus petits qui sont mes frères’, sans pour autant nier la vraie vie et la vérité”.

Également réputé progressiste, bien qu’intransigeant sur certains points, le pape François n’a pas hésité à aborder de front et à prendre position sur des sujets sensibles et d’enjeux globaux. À Madagascar, il a prêché pour “le développement intégral”, qu’il traite dans son encyclique Laudato Si, publiée en 2015 et mise à jour en 2023. Il y traite notamment des questions contemporaines comme la protection de l’environnement.

“Je vous invite à imaginer ce chemin sur lequel personne n’est laissé de côté, ni ne va seul ou se perd. Le développement d’une nation ne se réduit pas à la simple croissance économique ; pour être authentique, il doit être intégral, c’est-à-dire promouvoir tout homme et tout l’homme”, est une partie de son message lors de son passage à Madagascar, en septembre 2019. S’insurgeant contre la déforestation dans la Grande Île, il a ajouté, “(…) Nous ne pouvons pas parler de développement intégral sans prêter attention et sans prendre soin de notre maison commune [la Terre]”.

L’évêque de Rome a ajouté, “(…) il ne peut pas y avoir de véritable approche écologique ni un travail concret de sauvegarde de l’environnement sans l’intégration d’une justice sociale qui accorde le droit à la destination commune des biens de la Terre aux générations actuelles, mais également futures”. Malade depuis plusieurs semaines, le pape François a assuré ses fonctions apostoliques jusqu’au bout. Il a donné sa dernière bénédiction Urbi et Orbi durant la messe pascale, dimanche, face aux fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre.

Garry Fabrice Ranaivoson et Miangaly Ralitera

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