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Le barrage d’Andekaleka pendant la période d’étiage, au mois d’octobre 2024. |
La société nationale de production et de distribution d’électricité et d’eau, la Jirama, annonce le retour du délestage tournant. Le niveau d’eau du barrage d’Andekaleka commence à baisser.
Coupure précoce. Le délestage tournant refait surface à l’approche de la fin de la saison des pluies. La Jirama a indiqué, hier, sur sa page Facebook qu’elle est « obligée de réduire la charge de 10 à 15 MW pendant environ deux heures aux heures de pointe, malgré la mobilisation de l’ensemble de ses moyens de production». Dans le même message, elle publie un planning de délestage concernant plusieurs quartiers du Réseau interconnecté d’Antananarivo (RIA) pour la journée du 9 avril. Ces quartiers et d’autres non mentionnés dans le planning ont subi deux heures de coupure d’électricité dans la journée.
« La pluie se fait de plus en plus rare ces derniers jours. L’eau au barrage d’Andekaleka, qui fournit un tiers de la production électrique du RIA, diminue davantage. À cela s’ajoute un problème technique détecté à la centrale hydroélectrique de Mandraka », précise la Jirama pour justifier la perturbation actuelle de l’alimentation en électricité.
Un délestage si tôt après la saison des pluies, en raison de la baisse du niveau d’eau du barrage d’Andekaleka, est jugé prématuré. Ces dernières années, la Jirama ne procédait à des coupures de courant alternées qu’en période d’étiage. « C’est à partir du mois de juin que le niveau de la rivière commence normalement à diminuer. Cette année, cette baisse est survenue trop tôt, alors que la capacité de rétention du barrage a été étendue avec l’élévation d’un mètre de sa hauteur », souligne une source proche du dossier. Le retard dans le début de la dernière saison des pluies aurait contribué à cette baisse précoce du niveau de la rivière Vohitra, qui alimente la centrale hydroélectrique d’Andekaleka.
Aggravation
En conséquence, seuls trois des quatre groupes turbines sont actuellement en service durant les périodes creuses, afin de permettre aux quatre groupes de fonctionner à plein régime durant les heures de pointe.
Des techniciens redoutent une aggravation de la situation en saison sèche. « À ce rythme, la production sera au plus bas pendant la période d’étiage », s’inquiète une source. L’an dernier, seuls deux groupes sur quatre avaient fonctionné pendant cette période. Le débit d’eau, normalement de 51,6 m³/seconde, n’était que de 29,59 m³/seconde en août 2024. La production avait continué de chuter jusqu’au début de la saison des pluies 2024-2025, avec des délestages atteignant huit heures en journée, et plusieurs heures la nuit. L’État avait alors mobilisé un budget conséquent pour faire fonctionner les groupes thermiques afin de compenser le déficit de production hydroélectrique.
La période d’étiage ne fait que commencer, et la prochaine saison des pluies semble encore lointaine. « Des pluies provoquées devraient être programmées pour augmenter le niveau d’eau au barrage », propose la même source. D’après Harinjaka Miakadaza Randriamahandry, chef du service des Applications auprès de la direction générale de la Météorologie, « les conditions météorologiques à partir de ce jour jusqu’à samedi sont favorables à une opération de pluie provoquée. Après cela, il sera rare d’avoir des conditions météorologiques favorables, car nous entrons dans l’intersaison».
Il n’y a peut-être pas lieu de céder à l’inquiétude, affirment certains acteurs du secteur, puisque plusieurs projets visant à renforcer la production du RIA sont en cours. C’est le cas des parcs solaires — celui d’Ambatomirahavavy, qui devrait entrer en service fin mai, mais aussi ceux d’Ampangabe, d’Ilafy et d’Ivato. En novembre 2024, le chef de l’État, Andry Rajoelina, avait d’ailleurs affirmé que « lors de la période d’étiage de l’année prochaine, il n’y aura plus de délestage grâce à tous les efforts et investissements que nous sommes en train d’entreprendre actuellement ».
Miangaly Ralitera