Le confinement a changé beaucoup de normes sociales, pas mal de valeurs culturelles. Les traditions, la cohésion familiale ont volé en éclats à cause de cette pandémie. D’exceptions, certaines pratiques sont devenues des règles. Depuis, la déliquescence sociale se vit au quotidien. Il n’y a plus aucun respect des uns envers les autres. Excepté la demande de passage dans un embouteillage où l’on cède en pensant que la prochaine fois on sera le demandeur, chacun fait ce qui lui plaît. Les taxis-be n’ont rien à foutre du signal de détresse dans un cortège funèbre qu’ils coupent allègrement. C’est un usage d’activer le signal de détresse, mais cela irrite plus que cela inspire le respect. Les bouchons de plus en plus infernaux, les contraintes imposées par la course aux recettes font qu’on oublie les fondamentaux des relations humaines, les petites choses qui simplifient la vie. Pire, hier dans une banlieue Ouest de la ville, des camions de 40 tonnes chargés de remblais pour un projet sûrement urgent et important, ont carrément forcé le passage où la route était devenue un parking pour le besoin d’un enterrement le temps d’un dernier adieu devenu furtif. Ils ne voulaient pas attendre la fin des funérailles qui ont duré un quart d’heure. À chacun sa besace, sa préoccupation. Les morts n’ont plus aucune utilité alors que les vivants luttent tous les jours pour pouvoir survivre.
Mais de là à se comporter comme une primate, c’est juste déplorable. Une petite intelligence aurait suffi et aurait été appréciée à sa juste valeur. Difficile de demander un minimum de bon sens à des individus dont le « conscient intellectuel » ne leur permet pas de comprendre le « vivre ensemble ». Dans la plupart des cas, on s’accommode mieux du « ivre ensemble ».
Une telle situation est de plus en plus, hélas, courante. Ce manque de respect envers les autres se constate sur les voies rapides de la capitale où les tortues prennent un infini plaisir à circuler à gauche sans penser un instant au danger que cela constitue. À croire que les permis de conduire ont été obtenus ailleurs qu’avec une auto-école.
On n’oublie pas la disparition des places réservées aux femmes enceintes et aux personnes handicapées dans les transports publics. Là, on recule d’un siècle alors que les autorités de transport affirment que les coopératives sont soumises à un cahier des charges. Pire, certains taxis-be refusent carrément d’embarquer des personnes handicapées étant donné qu’elles mettent du temps à monter et à descendre.
Visiblement, on est revenu à l’époque des hommes de Cro-Magnon, dans la façon de penser et de se conduire.
Sylvain Ranjalahy