ANTSIRANANA - Les mangroves renaissent à Ramena

Les femmes sont majoritaires pour la restauration.

Dans le  village de pêcheurs de Ramena, à une  dizaine de kilomètres d’Antsiranana, une mobilisation écologique prend racine et redonne vie aux mangroves menacées. 

Entre espoir, tradition et engagement communautaire, les habitants ont replanté bien plus que des arbres, ils ont semé l’avenir. Certes, la mer continue de murmurer, mais  cette fois, elle porte avec elle un nouveau message, celui d’une communauté en marche vers la résilience. Un projet de grande envergure a vu le jour. Porté par les communautés locales, ce projet incarne un véritable espoir écologique et économique.

À Ramena, autrefois, les mangroves faisaient partie intégrante du paysage. Aujourd’hui, il ne reste que des étendues clairsemées, victimes de la coupe de bois, de l’extension urbaine et de l’impact du changement climatique. Avant, les mangroves bordaient toute la côte. Aujourd’hui, elles ont presque disparu à cause de la coupe abusive.

Face à la dégradation progressive de cet écosystème vital, des acteurs locaux et des partenaires engagés unissent leurs efforts pour redonner vie à ces forêts maritimes essentielles.

La phase préparatoire du projet a permis d’établir des pépinières de mangroves dans deux sites stratégiques, Ankorikahely et Baie de Sakalava, en partenariat avec les communautés locales. Ces pépinières joueront un rôle important dans la production de jeunes plants nécessaires à la restauration des zones ciblées. Selon les explications, elles sont impliquées dans les différentes étapes de la mise en œuvre, de la collecte des propagules à la plantation des jeunes mangroves.

Hier, sous un soleil hésitant, alterné par des averses, les pieds dans la boue salée, plus de trois cents personnes, issues des communautés locales, associations des pêcheurs, établissements scolaires et partenaires techniques se sont  activés. La présence massive des  militaires et  des gendarmes a été remarquée sur le  site d’Ankorikahely où s’est déroulé, dans la matinée, le lancement officiel. Tous sont venus pour un objectif commun : reforestation des zones de mangroves dégradées dans la commune  rurale de Ramena, plus précisément tout au long du littoral  de la fameuse plage mythique de Ramena.

Cette initiative ambitieuse  émane du C3 Madagascar ou  Conservation Centrée sur la Communauté, avec le soutien d’organisations locales et de partenaires internationaux. Surtout avec l’appui du Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques dans le cadre d’un engagement commun pour la préservation de l’environnement et le renforcement de la résilience des écosystèmes côtiers.

Levier de croissance

Pendant  deux  jours, lundi et mardi, l’organisation a  fixé  son  objectif d’atteindre  la plantation  des vingt  mille plantules sur les trois sites prédéfinis dans les zones dégradées autour de la baie.

La zone clé pour la biodiversité (ZCB) de ces trois baies abrite des  écosystèmes riches en biodiversité. Au-delà de la restauration écologique, le projet a aussi pour ambition de renforcer la résilience économique des habitants. C3 Madagascar bénéficie d’un financement pour renforcer la résilience des communautés et des écosystèmes face aux impacts du changement climatique dans la zone clé pour la biodiversité des trois baies situées dans la commune rurale de Ramena.

Les écoles locales sont aussi impliquées, des séances de sensibilisation sont organisées avec les élèves regroupés au  sein du club Junior  éco-garde, qui ont participé eux-mêmes aux restaurations. Une manière de transmettre l’importance de la conservation dès le plus jeune âge. 

L’initiative ouvre aussi  de nouvelles pistes économiques. L’écotourisme, encore peu développé à Ramena, pourrait devenir un levier de croissance durable. Des visites guidées dans les zones restaurées sont déjà en projet.

« Mis en œuvre depuis début 2024, le projet repose sur une approche participative. Il mobilise les autorités communales, les associations locales, surtout  féminines, les écoles, les pêcheurs et les femmes du village, dans une dynamique de replantation et de gestion durable des ressources naturelles », résume la coordonnatrice régionale de la C3 Madagascar, Fara Rabemamy.

Raheriniaina

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