![]() |
Carine Alida Razanajatovo de l’entreprise Mon Histo-Cheveux en plein travail dans son atelier à Mahamasina. |
L’entrepreneuriat ne saurait se limiter à une question de genre. Il repose avant tout sur des stratégies efficaces, une capacité d’adaptation et une aptitude à innover, indépendamment du parcours ou du sexe de l’entrepreneur.
Si chaque individu développe des méthodes de gestion propres à son expérience et à son environnement, la diversité des approches est un atout essentiel dans le monde des affaires. Loin d’être une simple question d’égalité, l’entrepreneuriat est avant tout un enjeu d’agilité et de résilience.
« Chaque entrepreneur évolue dans un cadre unique, influencé par des facteurs culturels, économiques et législatifs », souligne Carine Alida Razanajatovo, fondatrice de Mon Histo-Cheveux. À ses yeux, il n’existe pas de recette universelle pour réussir en affaires, mais plutôt une capacité à s’adapter aux dynamiques du marché et aux attentes des clients. « L’innovation et la créativité, essentielles à l’entrepreneuriat, sont façonnées par les expériences et les motivations personnelles », ajoute-t-elle.
Fortunat Rakotoarisoa, Head of Operations chez NextA, met en lumière un aspect culturel souvent sous-estimé : « L’entrepreneuriat ne devrait pas être influencé par le genre, mais les femmes possèdent un grand atout dans ce domaine. Elles occupent déjà souvent des postes de responsabilité au sein du foyer, ce qui, d’un point de vue culturel, leur confère une certaine prédisposition à la gestion et à la prise de décision. »
Selon lui, cette expérience domestique constitue un avantage naturel en matière d’organisation et de leadership. Toutefois, il souligne la nécessité de renforcer l’accompagnement et l’encouragement des femmes à se lancer en affaires, notamment dans un contexte économique incertain.
Des défis persistants
Le président du Fivmpama (Fivondronan’ny Mpandraharaha Malagasy), Rivo Rakotondrasanjy, rappelle que « le débat sur l’entrepreneuriat ne se limite plus uniquement à une dimension économique, il s’étend désormais aux questions de genre ». Il reconnaît néanmoins que les femmes font face à des défis spécifiques, notamment la conciliation entre vie professionnelle et responsabilités familiales, un facteur qui contribue à l’écart entre les sexes dans le monde des affaires.
Docteur Sandra Ratsiazo, spécialiste des études de genre, insiste sur l’importance d’une analyse approfondie de ces dynamiques : « L’étude du genre est essentielle pour promouvoir une justice sociale. Elle permet d’identifier les points d’équilibre entre les hommes et les femmes, afin de favoriser un développement harmonieux. » À ses yeux, il ne s’agit pas seulement d’un enjeu féminin : « Parler de genre, c’est analyser les relations entre les hommes et les femmes, et non exclusivement la place des femmes. »
Plutôt que d’imposer un modèle uniforme, la clé du succès réside dans la flexibilité et la capacité d’adaptation. Chaque entrepreneur, homme ou femme, aborde la gestion d’entreprise à travers le prisme de son parcours, de ses compétences et de ses aspirations.
Le parcours de Carine Alida Razanajatovo illustre parfaitement cette diversité d’approches.
« J’ai fondé Mon Histo-Cheveux à partir de ma propre expérience avec l’alopécie. En cherchant des solutions pour traiter ce problème, j’ai découvert une véritable passion : soigner, conseiller et coiffer les cheveux texturés», explique-t-elle.
Si le genre influence certaines opportunités et obstacles, ce sont avant tout l’innovation, l’adaptabilité et la gestion des contraintes qui déterminent la réussite entrepreneuriale. Plutôt que d’opposer les genres, il est essentiel de construire un écosystème inclusif, où chacun peut développer sa propre stratégie de management en fonction de son environnement et de ses ambitions.
Irina Tsimijaly