Morondava et Toliara complètement immergées pendant le passage du cyclone Honde. Ironie du sort, ces deux villes sont sèches la plupart du temps et pour une fois qu’il pleut, c’est le déluge. Et autant la sécheresse complique la vie dans cette partie sud, autant une pluviométrie abondante s’avère destructrice.
Justement, comme il est rare que ces deux villes sont bien arrosées, on a pensé que des canaux d’évacuation étaient inutiles. En particulier à Toliara où presque toutes les rues sont dépourvues de bouche pour évacuer les eaux de pluie. Et ce qui devait arriver arriva. Selon des témoignages de certains habitants, on n’a jamais vu une telle situation depuis plusieurs décennies. La ville de Toliara aurait été conçue en ignorant qu’un jour un déluge pourrait bien submerger la ville. Ainsi, une grosse pluie de quelques minutes suffit à inonder la ville. Et comme dans les autres villes, l’absence d’un plan d’urbanisation avec la multiplication des constructions illicites complique la situation. La ville du Capricorne n’échappe pas à l’anarchie générale qui règne dans toutes les villes. Un boom démographique hors contrôle, une population de plus en plus pauvre et peu adaptée aux exigences d’une vie citadine, un laxisme irrépressible, une corruption devenue une seconde nature font que le problème s’avère inextricable. Chacun fait ce qui lui plaît. Et tout le monde récolte ce qu’il a semé le jour fatidique.
Outre le même problème d’urbanisation, la ville de Morondava se situe presque au niveau de la mer. Le cyclone a aggravé la situation de marais haute à laquelle la capitale du Menabe est habituée. La mer ronge d’ailleurs le littoral petit à petit au fil des années. La construction d’une digue a été recommandée pour protéger la ville.
Dans toutes les villes, la capitale en premier, l’évacuation des eaux de pluie se compliquera pour les années à venir. Elles s’exposeront davantage aux inondations si on ne daigne pas prendre des mesures radicales d’assainissement, de démolition systématique des constructions illicites, d’interdiction formelle de construire dans des zones inondables…Évidemment c’est facile à dire. Il faudra beaucoup de courage politique pour pouvoir remettre tout le monde dans le sens de la marche à défaut de pouvoir marcher sur l’eau.
Sylvain Ranjalahy