Un cambriolage assorti de violence et d’agression à Ambodiafontsy, deux ressortissants coréens assassinés à Moramanga, une maire abattue à Ambatofinandrahana, un jeune homme poignardé par deux détrousseurs à Toamasina. En une semaine, la criminalité a atteint son summum. Mais c’est loin d’être un scoop. Les attaques armées, les braquages, les kidnappings, les assassinats… sont la tasse de thé de la population depuis trois républiques.
L’opinion s’indigne et revendique la prise de responsabilité des autorités, en veut aux Forces de l’ordre, accusées de défaillances et d’être accaparées par les affaires politiques plutôt que par la sécurité publique. La réalité est criante. Aucun endroit n’est à l’abri de l’insécurité. Chez soi, dans les transports en commun, dans votre voiture, dans la rue, à l’église, au milieu d’un spectacle, à la sortie d’une banque, dans les embouteillages, on risque à tous les coups de se faire flinguer, braquer ou poignarder. Partout où l’on va, il faut être sur le qui-vive en permanence. Il faut de plus en plus barricader la maison avec des grilles de protection et des chevaux de frise. Il faut munir le domicile de système de sécurité, à l’instar de caméras de surveillance, d’alarmes, de détecteurs de mouvements. Ceux qui ont les moyens ont recours aux services d’une agence de sécurité privée. Mais tout cela n’empêche pas les bandits de sévir. Ils ont une solution à tout et ont toujours une longueur d’avance sur les Forces de l’ordre. Celles-ci ont beau tuer, la pauvreté et l’oisiveté font que l’industrie criminelle occupe la première place dans le développement. Pour un bandit tué, il y a une centaine de naissances sans état civil, dormant dans la rue ou les bidonvilles et ne vont pas à l’école. Un vivier de bandits alimenté par une démographie incontrôlable.
La meilleure solution contre la criminalité reste ainsi la création d’emplois. Mais ce n’est pas demain la veille, pour le moment. Il faudra beaucoup de temps pour réduire le taux de pauvreté de 80 %, selon la Banque mondiale. En attendant, il faut faire confiance à celles dont la mission est de « protéger la population et ses biens », en l’occurrence les Forces de l’ordre. Les opérations coup de poing seront plus efficaces si elles ne chantent pas qu’un seul été. Les patrouilles ne doivent pas se contenter du contrôle de carte d’identité, puisque, a priori, tout le monde en a, y compris les bandits.
En parallèle, il faut vulgariser les outils de sécurité pour permettre à la population de se protéger. Autoriser les armes de défense, distribuer des caméras de surveillance comme on distribue les lampes, multiplier les caméras dans les différents artères…
À défaut de pouvoir assurer la sécurité publique, l’État doit faciliter l’accès aux outils ou appareils de sécurité. Cela doit être une priorité.
Sylvain Ranjalahy