FRANCOPHONIE - Le ministre Mohamed Soilihi appelle à « resserrer les rangs »

Le ministre délégué, Thani Mohamed Soilihi, durant sa prise de parole au LMA, Ampefiloha, hier.

En visite à Madagascar, le ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux au sein du gouvernement français a pris part, hier, à la célébration de la Journée internationale de la Francophonie. Dans son discours, il a appelé les pays membres à renforcer leurs liens.

Resserrer les rangs. C’est l’appel lancé par Thani Mohamed Soilihi, ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux auprès du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, dans son discours à l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie, au Lycée moderne Ampefiloha (LMA), hier.

“La Francophonie est un espace commun de solidarité, de culture et de coopération. Un espace d’intérêts partagés qui distingue et fait notre force, plus encore dans un contexte géopolitique durci où le dialogue peut faire défaut”, a déclaré le membre du gouvernement français au début de son allocution. “Dans un contexte international brutal, marqué par de nombreuses crises, il nous semble plus que jamais nécessaire de resserrer les rangs et de montrer notre volonté de réaffirmer que la Francophonie fait primer la coopération, le dialogue et la solidarité”, a-t-il ajouté.

Comme le note le ministre Mohamed Soilihi, la célébration de la Journée internationale de la Francophonie, cette année, se déroule dans un contexte particulièrement complexe. À la veille de cette journée, le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont successivement annoncé qu’ils quittaient l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Une décision qui s’inscrit dans la dynamique souverainiste prônée par ces États du Sahel.

Ces trois pays, qui forment l’Alliance des États du Sahel (AES), sont dirigés par des juntes militaires. Ils ont été suspendus de l’OIF et d’autres organisations internationales à la suite des putschs qui ont porté les militaires au pouvoir. Néanmoins, cette décision de rupture revêt une portée symbolique. Ces trois États comptent parmi les membres fondateurs de l’OIF. L’acte constitutif de l’organisation a d’ailleurs été signé à Niamey, la capitale du Niger.

Visite de terrain

Le retrait de l’AES de l’OIF est présenté comme une volonté de s’affranchir de la France. Lors de son discours, le ministre Mohamed Soilihi a cependant tenu à nuancer cette perception. “Ce qu’on appelle Francophonie aujourd’hui, ce ne sont pas quelques pays à la périphérie de la France, mais une communauté de destins ayant la langue française comme bien commun”, a-t-il souligné, rappelant que l’OIF compte quatre-vingt-dix membres, représentant près de trois cent vingt millions de personnes.

Lors de sa récente rencontre avec Emmanuel Macron au Palais de l’Élysée, Mark Carney, nouveau Premier ministre canadien, a lui aussi mis l’accent sur les liens entre pays francophones, face aux bouleversements des relations internationales. Sans le dire directement, les tensions entre le Canada et les États-Unis est vraisemblablement l’une des raisons de cette approche renforcée. De leur côté, les États africains veulent aussi que l’OIF joue un rôle plus stratégique face aux enjeux mondiaux actuels.

Pour l’heure, les principaux axes de coopération au sein de l’OIF en Afrique concernent la culture, l’éducation et l’accompagnement politique en période de crise. “La jeunesse, en maîtrisant cette langue, accède à des opportunités internationales, qu’il s’agisse d’éducation, de recherche, d’innovation ou d’emploi”, a ajouté Thani Mohamed Soilihi. Toutefois, la circulation des personnes entre les États membres de l’OIF demeure un défi. À Madagascar, par exemple, l’obtention d’un visa pour se rendre dans certains pays francophones reste un parcours du combattant.

La visite de Thani Mohamed Soilihi à Madagascar coïncide avec la Journée internationale de la Francophonie, mais elle s’inscrit également dans un cadre plus large. Comme il l’a précisé lors d’un entretien avec la presse à l’issue de la cérémonie d’hier, il participera aujourd’hui à la conférence ministérielle sur la sécurité alimentaire de la Commission de l’océan Indien (COI). Cette rencontre fait partie des préparatifs du 5e Sommet des chefs d’État et de gouvernement, qui se tiendra à Antananarivo le 24 avril.

Le ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux a réaffirmé l’engagement de la France à prendre une part active à la réunion d’aujourd’hui et au sommet du mois prochain. “Il s’agit d’une visite de terrain, en voisin [par le biais de La Réunion] et en frère (…)”, a-t-il déclaré.

Garry Fabrice Ranaivoson

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