Corbillards flottants

On en aura vu de toutes les couleurs. Les tragédies se suivent et ne se ressemblent pas. Hier soir, une pirogue transportant des passagers entre deux rives de l’Ikopa s’est renversée, tuant une mère de famille. Selon les témoignages, elle a embarqué plus de passagers que ne le permettait sa capacité. De fabrication artisanale et dans un mauvais état, la pirogue a été abandonnée par la corde qui servait de fil conducteur pour la traversée. Emportée par le courant avant de se renverser, le 

« commandant de bord » a été le premier à se sauver, laissant ses passagers dans la panique. La plupart des passagers ont réussi à atteindre les rives tant bien que mal.

Ce genre de transport rend service aux riverains, qui ne sont pas obligés de faire un long détour et peuvent faire l’économie de frais en bus. Il existe depuis longtemps et reste opérationnel, quel que soit le niveau du fleuve. Mais le risque de voir l’embarcation céder dans un fort courant est énorme. D’ailleurs, ce n’est pas le premier accident de ce genre et certainement pas le dernier tant que ce type de transport n’est pas réglementé.

Il faut obliger les passeurs à mettre aux normes leur embarcation. Ce n’est pas parce que le parcours ne mesure que quelques dizaines de mètres que les risques n’existent pas. La preuve vient d’en être donnée.  

Le nombre de passagers doit être limité selon la capacité de la barque, et tous ceux qui sont à bord doivent porter un gilet de sauvetage.

Les piroguiers doivent requérir une autorisation en bonne et due forme délivrée par les autorités concernées, s’il y en a. Comme il ne s’agit ni de transport terrestre ni de transport maritime, les passeurs profitent du vide pour exercer ni vu ni connu. À Ampasika, comme entre le village de Marobiby et le village de la Francophonie, la population recourt au même moyen pour passer de l’autre côté. Désormais, des mesures doivent être prises pour éviter ce genre de drame. Le bilan aurait pu être lourd, mais ce n’est pas parce qu’il n’y eut qu’une seule victime que l’affaire doit être minimisée. Autrement, on entendra parler de corbillards flottants.

Sylvain Ranjalahy

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne