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La cohue n’a quitté les lieux que vers 20h. |
Une centaine d’individus en colère a pris pour cible trois gendarmes et un civil, les livrant à la vindicte populaire en raison d’une tentative présumée de racket, dimanche à Soavimasoandro.
L’après-midi a été particulièrement agité à Ambodivona Soavimasoandro. Sans l’intervention rapide des policiers du commissariat du huitième arrondissement, les trois gendarmes, qui n’étaient pas en uniforme, et leur compagnon civil auraient pu perdre la vie. Environ quatre à cinq cents personnes furieuses s’en sont violemment prises à eux.
Des jets de pierres, des cris d’indignation, une rue envahie par la foule, une moto réduite en un amas de ferraille, des actes de violence, des gyrophares de police et une intervention musclée : telle était l’atmosphère de ce dimanche, entre 17h et 20h.
Racket présumé
Le deux-roues détruit appartenait à l’une des victimes du lynchage. La foule, déchaînée, était sur le point d’y mettre le feu lorsque les policiers du commissariat local sont intervenus pour l’en empêcher.
L’affrontement a pris une tournure encore plus violente lorsque des jets de pierres ont aggravé la situation, contraignant les forces de l’ordre à demander du renfort. Une deuxième unité, composée de policiers et de gendarmes, est alors intervenue.
Ils ont réussi à exfiltrer les deux stagiaires gendarmes et le civil. Le troisième gendarme, quant à lui, avait pris la fuite avant l’arrivée de la première équipe d’intervention. Selon certaines sources, il aurait été armé.
Bien que les témoignages soient fragmentés, des membres des forces de l’ordre ont brièvement indiqué qu’il s’agissait d’une tentative de racket ayant dégénéré. Selon leur version des faits : « Les quatre victimes du lynchage ont exigé de l’argent à un habitant d’Ambodivona, chez lui. Celui-ci a crié au secours. En entendant cela, les riverains et badauds ont cru qu’il était en train d’être kidnappé. Ils ont alors encerclé la maison et s’en sont pris aux quatre individus. »
D’autres sources locales affirment que les habitants ignoraient que trois des hommes lynchés étaient des gendarmes. Ces derniers auraient déjà extorqué de l’argent à un proche de l’homme chez qui ils s’étaient cette fois rendus.
« Ils accusaient leurs cibles d’être impliquées dans le téléphone rose (ndlr : une activité lucrative assimilée par la loi à du proxénétisme et à l’exploitation de la faiblesse d’autrui), » confie une source bien informée.
Gustave Mparany