SANTÉ - Risque élevé du cancer du col de l’utérus

Le directeur adjoint de la Fondation Akbaraly, Luciano Tuseo, le directeur exécutif de la Fondation, Francesco Cimino, et l’expert international auprès de l’OMS, Jean-Marie Dangou.

Le cancer du col de l’utérus est la première cause de mortalité par cancer chez les femmes à Madagascar. Pourtant, ce cancer féminin est évitable grâce à la vaccination.

Le risque de développer un cancer du col de l’utérus demeure élevé dans le pays. L’infection par le papillomavirus humain (HPV), principale cause de ce cancer, se propage. Selon une étude présentée hier lors de la réunion de restitution et de discussion des résultats de la mission d’un expert de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Madagascar, menée en partenariat avec la Fondation Akbaraly au Tour Redland Ankorondrano, 42,7 % des femmes âgées de 18 à 49 ans sont porteuses du HPV dans le district de Marovoay. Dans le district d’Ambanja, sur 8 432 personnes examinées, 39,3 % sont atteintes du HPV, 2,2 % sont porteuses du virus de l’hépatite B (HBV), 0,6 % sont infectées par la syphilis et 0,6 % par le VIH.

« L’infection par le HPV représente le plus grand problème de santé publique par rapport aux autres infections sexuellement transmissibles (IST) », a souligné le professeur Luciano Tuseo, directeur adjoint de la Fondation Akbaraly, lors de sa présentation. L’infection à HPV se transmet principalement lors des rapports sexuels. 

« Dans 90 % des cas, le système immunitaire parvient à éliminer spontanément l’infection. Toutefois, une infection à HPV à risque élevé persistante peut provoquer un cancer du col de l’utérus et est également associée aux cancers de la vulve, du vagin, de la bouche et de la gorge, du pénis et de l’anus », précise un article intitulé Papillomavirus humain et cancer, publié par l’OMS en mars 2024.

À Madagascar, on estime à 3 763 le nombre de nouveaux cas de cancer du col de l’utérus chaque année, et à 2 460 le nombre de décès liés à cette maladie. Selon les données, 67,9% des cas de cancer du col sont attribuables au HPV. 

Un vaccin peu accessible

Par ailleurs, la Direction de la lutte contre les maladies transmissibles du ministère de la Santé publique a recensé 265 cas de cancers en 2023 dans dix centres hospitaliers universitaires (CHU) et cinq centres hospitaliers de référence régionale (CHRR).

Les recommandations médicales indiquent qu’il est essentiel de se faire vacciner avant les premières relations sexuelles afin de prévenir ce cancer. Pourtant, comme dans la plupart des pays d’Afrique, le vaccin anti-HPV reste difficilement accessible à une large partie de la population à Madagascar. « Sans vaccination, il est impossible d’éliminer le cancer du col de l’utérus », insiste le professeur Luciano Tuseo.

Le ministère de la Santé publique a néanmoins approuvé un plan de vaccination contre le HPV, dont la généralisation semble en bonne voie. « Le vaccin anti-HPV a été introduit à Madagascar en 2014-2015. Nous sommes actuellement dans la phase de mise à l’échelle, et notre dossier a été soumis à Gavi », a indiqué une responsable du ministère de la Santé publique ayant assisté à la réunion.

L’importance du dépistage précoce

En raison de l’accès limité au vaccin, les efforts de lutte contre le cancer du col de l’utérus se concentrent principalement sur le dépistage précoce. Détecté à temps, ce cancer n’est pas systématiquement mortel, à condition que les traitements soient rapidement administrés.

Depuis 2013, la Fondation Akbaraly, partenaire stratégique du ministère de la Santé publique dans cette lutte, a réalisé près de 71 000 dépistages du cancer du col de l’utérus. En 2024, elle a intensifié ses actions avec 10 900 tests effectués, révélant un taux de 9,4 % d’anomalies.

Miangaly Ralitera

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