RÉFORME  - La Jirama envisage une gestion déléguée de ses infrastructures

La  Jirama explore de nouvelles perspectives pour moderniser le secteur  de l’énergie à Madagascar.

La Jirama envisage de confier la gestion de certaines de ses installations à des opérateurs privés, dans l’objectif d’améliorer l’approvisionnement en électricité à Madagascar.

Confrontée à des difficultés persistantes, l’entreprise publique multiplie les pistes pour renforcer son efficacité, notamment dans les zones où la desserte reste insuffisante. Depuis le début de l’année, cinq accords ont été conclus avec des partenaires privés. Le plus récent, signé le 25 avril 2025 avec la société WeLight, porte sur l’électrification des zones rurales et pourrait inclure la gestion de certaines infrastructures.

Il ne s’agit pas d’une privatisation généralisée, mais d’une expérimentation sur des territoires ciblés. Plusieurs opérateurs privés sont d’ailleurs déjà actifs dans la production et la distribution d’électricité, principalement en milieu rural.

Dans le même temps, l’État investit pour accroître les capacités nationales. Le Conseil des ministres du 9 avril 2025 a demandé l’accélération de plusieurs projets : l’hybridation de centrales thermiques existantes, l’installation de nouveaux parcs solaires d’une capacité de 50 MW, ainsi que la mise en service d’une centrale thermique HFO de 105 MW, propriété de la Jirama.

Cette dynamique s’inscrit dans une réforme plus large de la Jirama, soutenue par la Banque mondiale. Le gouvernement souhaite moderniser la gouvernance de l’entreprise, la rendre plus agile, et faciliter les collaborations avec le secteur privé.

Une ouverture encadrée

Lors du Conseil des ministres délocalisé du 6 mars 2025 à Mahajanga, il a été décidé de revoir les statuts de la société. Des « journées bloquées » seront organisées pour permettre cette révision, jugée indispensable face à l’évolution du contexte énergétique.

En tant que société d’État, la Jirama fonctionne encore dans un cadre réglementaire contraignant. La réforme vise à assouplir ce cadre, notamment pour permettre la mise en œuvre de projets conjoints dans le domaine des infrastructures.

Cette évolution s’inscrit également dans le Pacte énergétique national, lancé en janvier 2025 lors du Sommet africain de l’énergie « Mission 300», en Tanzanie. Ce programme prévoit d’ici 2026 l’identification de nouvelles opportunités d’investissement privé dans les réseaux de transport et de distribution.

Derrière ces efforts, une difficulté structurelle demeure : la Jirama achète l’électricité auprès de producteurs privés à un prix élevé, qu’elle revend ensuite à un tarif subventionné. Ce modèle économique déséquilibré alourdit sa dette et freine ses capacités d’investissement.

Pour en sortir, l’entreprise doit non seulement moderniser son fonctionnement, mais aussi renforcer sa propre capacité de production. Nouer des partenariats plus compétitifs, capables de fournir une énergie plus accessible et à moindre coût, apparaît comme une priorité. C’est à cette condition que la Jirama pourra espérer restaurer sa stabilité financière et remplir pleinement sa mission de service public.

Irina Tsimijaly

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