REMBLAIS ET CONSTRUCTIONS ILLICITES - Le ministère concerné et les maires rappelés à l’ordre

Malgré un décret d’interdiction, en février 2022, les remblais ne se sont pas arrêtés.

Le président de la République émet un nouveau rappel à l’ordre contre les remblais. Il pointe également du doigt les constructions illicites qui obstruent les canaux d’évacuation.

Une interpellation. Telle est la portée des mots de Andry Rajoelina, président de la République, hier, à Anosizato Andrefana.

« À L’Apipa [Autorité de protection contre les inondations de la plaine d’Antananarivo], au ministère en charge de l’Aménagement du territoire, au maire d’Antananarivo et ceux des communes environnantes, je vous demande de regarder de près les constructions illicites, mais surtout les remblais qui causent les inondations et engendrent des préjudices à plusieurs citoyens », déclare le chef de l’État. Des mots qu’il a glissés dans son discours devant les sinistrés à cause de la montée des eaux, à Anosizato Andrefana.

Le fait que le locataire d’Iavoloha ait émis ce rappel à l’ordre n’est pas anodin. Comme il l’a souligné, ce n’est pas la première fois que les habitants d’Antananarivo et ses environs sont victimes de la montée des eaux. Il s’agit d’une situation récurrente. Presque à chaque saison des pluies, la capitale et ses communes limitrophes sont confrontées à des risques d’inondation. Ce n’est pas non plus la première fois que le Président pointe du doigt les remblais, notamment, comme une des causes de la situation.

Avant celle de ces derniers jours, plusieurs centaines de familles à Antananarivo et ses environs ont été victimes de la montée des eaux, au début de l’année 2022. Les champs ont également été submergés, avec des conséquences désastreuses sur les récoltes. Déjà, les remblais étaient pointés du doigt comme une des causes de la situation. En conséquence, le 23 février 2022, un décret a été pris en conseil des ministres interdisant tous les remblais dans la capitale.

Intensification

Ce décret de février 2022 ajoute que les permis de remblais en cours de validité lors de l’adoption de l’acte n’étaient plus valables, en soulignant « qu’aucune autorisation de remblais ne peut être délivrée sans l’aval du conseil des ministres ». Depuis, pourtant, les remblayages de terrain ne se sont pas arrêtés. L’ancien maire de la commune rurale d’Ankaraobato, Samuelson Herinjato Ramamenosoa, par exemple, a multiplié les dénonciations médiatiques et les initiatives communales pour stopper les remblais illicites dans sa circonscription.

Les décisions étatiques et les actions des autorités locales ne semblent pas avoir suffi à stopper les remblais. Les opérations de remblayage se sont même intensifiées à chaque période électorale, profitant probablement d’éventuels flottements dans la gouvernance étatique et locale. Le rappel à l’ordre lancé par le président de la République, hier, pourrait être une manière de demander aux responsables cités de prendre les mesures nécessaires contre ceux qui ne respectent pas les dispositions légales et réglementaires.

Pour les remblais déjà faits, s’ils sont illicites, indépendamment des sanctions légales, exiger des propriétaires de procéder à des aménagements pour permettre l’écoulement des eaux pourrait être une mesure à appliquer. L’autre point mis à l’index par Andry Rajoelina, hier, sont les constructions illicites. Dans la capitale, particulièrement, les constructions qui obstruent ou dégradent les canaux d’évacuation sont des causes de la montée des eaux dans plusieurs quartiers. C’est le cas à Besarety et dans la plupart des quartiers populaires d’Antananarivo.

Dans certains cas, la démolition des constructions illicites est la solution pour libérer les canaux d’évacuation. Cela nécessite, cependant, de l’audace politique de la part des responsables municipaux. Comme l’a indiqué le président Rajoelina, hier, l’assainissement des canaux d’évacuation a aussi son importance dans la lutte contre la montée des eaux durant la saison des pluies. Certes, il faut prendre en compte l’incivisme des habitants de la capitale et de ses environs. Mais il appartient aux autorités municipales et communales de prévoir des programmes d’assainissement réguliers. Dans la commune de Bemasoandro Itaosy, par exemple, le nouveau maire profite des opérations de curage de canaux pour faire de l’éducation citoyenne sur l’assainissement et l’hygiène.

Garry Fabrice Ranaivoson

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