ÎLES ÉPARSES - Rajoelina prévoit une visite des lieux

Si son intention se concrétise, Andry Rajoelina sera le premier président malgache à se rendre sur les îles Éparses.

Le président de la République indique qu’il compte trouver le moyen de se rendre sur les îles Éparses. L’initiative devrait être une manière d’affirmer la souveraineté revendiquée par Madagascar sur ces terres, dont la rétrocession est réclamée.

Une symbolique forte. Alors que les négociations sur les îles Éparses au sein de la Commission mixte vont reprendre, Andry Rajoelina, président de la République, veut visiblement marquer les esprits. Durant sa sortie médiatique, hier, le chef de l’État a fait part de son intention de visiter ces terres qui se trouvent à quelques encablures des côtes de Madagascar. Ce qui fera de lui le premier chef d’État malgache à s’y rendre depuis l’indépendance.

«C’est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. Raison pour laquelle je compte trouver le moyen de m’y rendre, pour visiter les îles Éparses en tant que président de la République de Madagascar», déclare alors le locataire d’Iavoloha. L’intention et la formulation de la phrase en précisant son titre ne sont pas anodines. S’il se concrétise, ce déplacement sera une symbolique forte et un message politique poignant, étant donné que Madagascar revendique la souveraineté et la rétrocession de ces îles.

L’interview du chef de l’État, diffusée à la radio et  la télévision nationales hier, était, entre autres, destinée à faire le point sur le Sommet de la Commission de l’océan Indien (COI) et la visite d’État de son homologue français. À l’issue de la réception du président Emmanuel Macron, au palais d’État d’Iavoloha, Andry Rajoelina a annoncé qu’une 2e réunion de la Commission mixte sur les îles Éparses se tiendra le 30 juin, à Paris.

Toutefois, pour une partie de l’opinion publique, le locataire d’Iavoloha n’a pas suffisamment mis l’accent sur le dossier des îles Éparses durant la visite d’État de son homologue français. Par ailleurs, en marge d’un événement à Akamasoa, pour conclure sa visite à Madagascar, le président Macron a répondu spontanément par «non» à la question de savoir si la France compte restituer les îles Éparses à Madagascar.

Le sujet s’est alors imposé durant l’interview du locataire d’Iavoloha, hier. Andry Rajoelina affirme ainsi que «nous réclamons la restitution des îles Éparses aux Malgaches», rappelant au passage : «les archives en sont témoins. Je suis le premier président de la République de Madagascar à avoir osé réclamer les îles Éparses au sein du palais de l’Élysée [durant une visite officielle en France, en mai 2019]. J’ai affirmé que les îles Éparses font partie de notre identité nationale.»

C’est lors de cette rencontre entre les présidents Rajoelina et Macron, au palais de l’Élysée, en mai 2019, qu’a été décidé de reprendre les discussions sur les îles Éparses au sein d’une Commission mixte. 

Solution commune

L’intention du locataire d’Iavoloha de se rendre sur les îles Éparses est, visiblement, une manière de bétonner, par les actes, les revendications de Madagascar dans les négociations. Il pourrait aussi s’agir d’une réponse du berger à la bergère.

Le 23 octobre 2019, soit quelques jours avant la 1re réunion de la Commission mixte, qui s’est tenue au palais d’Andafiavaratra, le 18 novembre 2019, le président Macron s’est rendu sur la Grande Glorieuse, une des îles Éparses. Il a qualifié l’île de «territoire français au milieu de cette région de l’océan Indien». Un déplacement d’Andry Rajoelina, assorti d’une déclaration, serait comme une réciprocité diplomatique, d’autant plus s’il se concrétise avant le rendez-vous du 30 juin.

À s’en tenir aux propos du chef de l’État, hier, les revendications de Madagascar sur les îles Éparses n’ont pas changé. Rafaravavitafika Rasata, ministre des Affaires étrangères, l’a également souligné durant une conférence de presse la semaine dernière, en rappelant les résolutions des Nations unies sur le sujet. Dans sa résolution qui date de 1979, l’ONU demande à la France d’entamer des négociations pour «la réintégration» des îles Éparses «qui ont été séparées arbitrairement de Madagascar», en soulignant le respect de «l’unité nationale et de l’intégrité territoriale».

Lucide face au rapport de force militaire en défaveur de Madagascar, Andry Rajoelina réaffirme que la voie diplomatique est privilégiée pour la restitution des îles Éparses. Regrettant toutefois que, depuis les années 70, il n’y ait pas eu d’avancée concrète, il ajoute que lui et son homologue français se sont convenus de «l’impératif de trouver une solution commune durable sur ces îles». L’idée d’une «solution commune de développement» a déjà été discutée lors de la première réunion de la Commission mixte, en novembre 2019.

Cependant, lors de cette 1re manche de la réunion de la Commission mixte, à Andafiavaratra, Madagascar avait posé comme préalable : «la restitution de la souveraineté de Madagascar sur ces îles reste une question fondamentale dans la négociation et constitue une question devant être abordée préalablement à l’examen et à l’adoption d’une solution commune de développement».

Garry Fabrice Ranaivoson

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