Des usagers effectuent des retraits dans un distributeur automatique à Antananarivo. |
À Antananarivo, plusieurs distributeurs automatiques sont tombés en panne, privant de nombreux usagers de leur argent et alimentant frustrations et mécontentement envers le service bancaire.
Entre le 1er et le 2 mai, les habitants d’Antananarivo ont été confrontés à une série de dysfonctionnements des distributeurs automatiques de billets (GAB). Dans des quartiers comme Andranomena, Andohatapenaka, Iavoloha, Ankorondrano, Tanjombato ou encore Andoharanofotsy, de nombreux GAB étaient soit hors service, soit à court de billets.
Ce dysfonctionnement est d’autant plus frustrant qu’il est survenu pendant un jour férié, moment où les agences bancaires sont fermées, faisant des distributeurs le seul accès possible à l’argent liquide. Martial, père de famille, raconte : « Pendant la journée du 1er mai, je voulais retirer un peu d’argent pour acheter à manger à mes enfants. Le distributeur d’Andranomena ne fonctionnait pas. J’ai essayé à Akoor Digue, même problème ».
Du côté d’Ivandry et d’Ankorondrano, un salarié raconte avoir tenté sa chance sur deux GAB, sans succès, avant de devoir attendre le lendemain matin. Annah, une autre usagère, témoigne : « J’ai inséré ma carte, un ticket est sorti… mais pas un seul billet. »
Facteurs
Dans plusieurs quartiers, notamment Tanjombato, où se trouvent de nombreuses entreprises franches, les machines ont été rapidement vidées de leurs liquidités. Les files d’attente se sont allongées devant les rares distributeurs encore en service.
Certaines banques, sollicitées, reconnaissent des défaillances multiples, mais se défendent. « Les pannes ne viennent pas toujours directement des banques. Elles peuvent être liées aux prestataires chargés de la maintenance ou du ravitaillement », explique un responsable. À cela s’ajoutent des problèmes de connexion récurrents, notamment avec les opérateurs. « Lors des périodes d’affluence, les GAB sont très sollicités, ce qui sature le réseau et bloque les opérations ».
Une autre difficulté réside dans la capacité de stockage des GAB. « Il y a un plafond de sécurité qu’on ne peut pas dépasser. Lorsqu’il y a beaucoup de retraits, les distributeurs se vident très vite. Il faut donc les réapprovisionner fréquemment ». Sans compter les problèmes d’électricité, surtout pour les distributeurs installés en dehors des agences, comme dans les stations-service.
Cependant, ces explications ne convainquent pas les associations de défense des consommateurs.
Tiana Rabarison, président de l’association de défense des consommateurs (Fikambanana Miaro ny Zon’ny Mpampiasa eto Madagasikara ou FIMZOMPAM), dénonce une défaillance globale du service bancaire : « On a réduit les agents aux guichets pour forcer les gens à utiliser les GAB, mais ceux-ci ne sont pas fiables ». Il regrette un manque de considération envers les clients : « L’argent appartient aux clients, pas aux banques. Pourtant, ce sont eux qui galèrent pour y accéder ».
Irina Tsimijaly