Ce fut un autre 3 février comme aujourd’hui. Ce jour de l’année 1468, celui qui a grandement contribué à la marche des idées et du savoir dans le monde quitta les siens mais en laissant à l’humanité sa grande invention. Dix-huit ans plus tôt, il a actionné la marche de l’histoire en lui faisant faire un de ses pas décisifs pour sortir l’Europe de l’époque médiévale, celle de la rareté des livres qui furent plus qu’un produit de luxe. Car ce jour-là, Gutenberg offrit à la pensée ou à la littérature une force alors encore inimaginable, celle qui a intensifié leur capacité à pénétrer dans les esprits. Et à ce moment-là, l’imprimerie fit son entrée fracassante et commença à manifester son importance pour l’histoire du monde.
En 1450, Gutenberg eut une étincelle de génie qui va provoquer une braise intellectuelle que le monde n’a jamais connue auparavant. En utilisant des caractères mobiles de métal sur lesquels les lettres étaient gravées en relief, permettant de finir des livres en un temps record, Gutenberg perfectionna une technique acquise en Chine où on a su exploiter le bois pour faciliter la multiplication des documents écrits, un produit du génie chinois qu’on retiendra sous le nom de xylographie. Mais ce fut en cette année bénie de 1450 que l’imprimerie s’affirma comme le moteur qui mit en branle une révolution intellectuelle et idéologique. C’est parce qu’il a bénéficié de cet atout inestimable que Martin Luther a créé le premier buzz médiatique de l’histoire en 1517 quand ses quatre-vingt-quinze thèses furent servies par l’imprimerie dont la générosité a grandement contribué à la propagation d’idées nouvelles.
Depuis qu’elle a imposé sa présence, l’imprimerie a boosté cette faculté d’homo sapiens à s’améliorer, une des possibilités offertes par cette particularité humaine que Rousseau a appelée “perfectibilité”. Quand l’homme s’est laissé emporter par l’évolution de cette invention cruciale, il s’est embarqué dans une aventure, un voyage où chaque destination augmente les connaissances. Cette possibilité, démocratisée par les moyens prodigués par les vertus de l’imprimerie, a aussi, héroïquement, fait tomber le taux d’illettrisme et d’analphabétisme en donnant à des écoles l’occasion de naître grâce à l’abondance des livres, un des outils de base de l’enseignement.
Ce que nos prédécesseurs ont mis des siècles à conquérir, des décennies de mise à l’écart et d’ostracisme des produits de l’imprimerie peuvent être fatales à ce qui a toujours fait l’orgueil de l’homme : l’intelligence. Quand les résultats au niveau des écoles et des universités suscitent des sentiments alarmistes qui coïncident avec une mise à l’écart des livres, on ne peut pas ne pas voir une relation de cause à effet. L’heure est ainsi, plus que jamais, à une revalorisation et à une nouvelle sollicitation du pouvoir de l’héritage de Gutenberg pour l’éducation et la construction de l’esprit.
Fenitra Ratefiarivony