ENJEU NUTRITIONNEL - Le secteur privé prêt à réguler sa production

 Le 25 février dernier, une conférence de presse s’est tenue à la Résidence de France à Ivandry, réunissant Afshan Khan, sous-secrétaire générale des Nations unies et coordinatrice du Mouvement SUN (Scaling Up Nutrition), et Brieuc Pont, envoyé spécial pour la nutrition et secrétaire général du Sommet Nutrition for Growth. Lors de cet échange, ils ont abordé un enjeu majeur : la régulation de la production alimentaire par le secteur privé et son implication dans la lutte contre la malnutrition.

Brieuc Pont a expliqué que le secteur privé est déterminant dans la chaîne alimentaire, mais qu’il peut parfois jouer un rôle négatif. Il a pris comme exemple certaines entreprises qui fabriquent des substituts au lait maternel ou ajoutent trop de sucre dans leurs produits, ce qui nuit à la sécurité nutritionnelle. « Il est nécessaire de réguler ces pratiques », a-t-il appuyé. 

« L’industrie doit être un partenaire, mais elle doit le faire en respectant les règles de santé publique ».  

Il a également mis en lumière des initiatives positives, en particulier celles des entreprises qui produisent localement des aliments thérapeutiques, essentiels dans la lutte contre la malnutrition. « Lorsque ces produits sont fabriqués sur place, ils soutiennent non seulement les agriculteurs locaux, mais aussi l’économie nationale. Et ce ne sont pas uniquement les multinationales qui participent à ce mouvement, il existe de nombreuses entreprises du Sud qui sont très engagées », a-t-il ajouté avec enthousiasme.  

Cette question revêt une importance accrue dans le contexte actuel, où les crises mondiales, de la guerre en Ukraine à la pandémie de Covid-19, ont aggravé les problèmes de sécurité alimentaire.  « On peut avoir de la nourriture, mais si elle manque de diversité, cela n’assure pas une nutrition équilibrée », a expliqué Brieuc Pont. « Les gouvernements doivent investir pour garantir leur souveraineté alimentaire. La nutrition est un levier pour le développement et permet de réduire la dépendance à l’aide extérieure. L’inaction coûte bien plus cher que l’action ».  

Irina Tsimijaly

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