Droits dans les yeux

Une double centaine de recommandations. C’est l’addition que quatre-vingt-deux pays ont remis à la délégation malgache lors de l’Examen Périodique Universel tenu devant le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies à Genève, la semaine passée. Il faut le dire, le tableau est d’un noir d’ébène. Il n’y a pas de quoi en être fier. Certes, il y eut une trentaine de recommandations « fraternelles » mais il s’agit certainement d’un euphémisme.

Il faut se rendre à l’évidence. D’abord même si l’examen est périodique, ce n’est pas par pur hasard que Madagascar figure parmi les « prévenus ». Les « juges » ont été suffisamment informés jusque dans les menus détails sur les faits incriminés avant de faire des recommandations qui n’ont pas valeur de sanctions mais qui constituent un indice sérieux sur l’observation des droits humains et de la démocratie. S’il fallait établir un classement, avec ce nombre exceptionnel de recommandations, on finirait en tête des derniers.

Les recommandations concernent plusieurs volets comme les droits des personnes vulnérables, les droits de l’enfant, les droits des femmes, la lutte contre la traite d’êtres humains, la lutte contre la corruption…Mais aussi les exécutions sommaires et la démocratie, la liberté d’expression…

Il ne faut pas croire qu’on vit à l’abri des regards indiscrets du monde extérieur, que tout est permis dans une île éloignée. On ne peut plus rien cacher à l’heure des hautes technologies où l’information va plus vite qu’un avion supersonique. Tout est enregistré et archivé.

Les exécutions sommaires sont des réalités et ont tendance à se multiplier. Il est difficile de croire que l’usage des armes a été inévitable dans toutes les situations. Il est bien évident que la poursuite des dahalo  se fait avec des armes de guerre mais non pas l’arrestation d’un présumé bandit. Madagascar n’est pas un pays en guerre, pourtant on détient peut-être le record d’individus abattus aussi bien par les Forces de l’ordre que par les bandits. Il n’y a pas un seul jour où les journaux ne parlent d’une victime d’une attaque armée ou d’une action des Forces armées.

Plutôt que de justifier les exécutions sommaires et les autres exactions,  il faut sérieusement méditer sur ces recommandations. Si la situation ne s’améliore pas, l’image du pays peut en prendre un coup et les conséquences pourraient  s’étendre au tourisme, aux investissements si ce n’est déjà le cas. À bon entendeur.

Sylvain Ranjalahy

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