On est dans l’une de ces périodes qui ouvrent l’année où la nature se manifeste dans toute sa générosité en faisant tomber la précieuse manne liquide, la pluie qui est tombée abondamment. En étant nourrie par ce cadeau, la terre peut nous prodiguer ses fruits, étant dans la pleine capacité de nous offrir la vie. Elle se montre cependant aussi sous un air moins hospitalier quand les précipitations sont trop présentes.
L’eau est propulsée au milieu de l’actualité. Si beaucoup remercient le ciel d’avoir ouvert ses vannes, d’autres subissent le côté martyrisant de la pluie : quand elle s’impose dans nos journées, elle bouleverse les programmes, elle manifeste sa capacité redoutée d’inondation qui fait des victimes dans les zones sensibles habituelles. Des problèmes exacerbés par les conséquences des actions humaines qui visent à dominer la nature.
En voulant soumettre la nature à la volonté des caprices humains qui ne cessent de faire différentes démonstrations de force, à travers notamment les remblais, la perméabilité du sol en a pris un coup, les réseaux de drainage furent perturbés, l’eau s’égare et envahit des parties habitées qui sont réduites à être sous une couverture liquide. Et une fois ce passage éprouvant de la pluie passé, elle emporte une part considérable de l’eau qui devrait aider à survivre durant la phase sèche de l’année. Une situation qui appelle des actions et mesures idoines.
Selon la légende, à une époque où la Chine était en proie à des crues destructrices, qui n’épargnèrent pas les récoltes et qui emportèrent des vies, Yu s’est vu confier la mission de trouver une solution, il succéda à son père qui n’a pas réussi et qui a payé, au prix de sa vie, cet échec. Ainsi, treize années durant, il s’est attelé à la construction de barrages et de canaux qui menèrent l’eau vers les rivières et les mers, il a ainsi fait de la nature une alliée et non une ennemie. Yu, en menant à bout cet exploit, a été porté au sommet et a été jugé digne d’occuper la place d’empereur, il sera désormais Yu le Grand.
Quelques siècles plus tôt, en Mésopotamie où l’importance de l’eau est soulignée dans quelques passages du code Hammurabi, un système sophistiqué d’irrigation vit le jour. Les crues furent contrôlées par des canaux, des digues et des réservoirs qui eurent comme principale finalité de diriger l’eau vers les terres agricoles. S’affirmèrent alors l’ingéniosité et le génie humains qui peinent, chez nous, à être mobilisés pour servir correctement les besoins vitaux.
Car des millénaires plus tard et alors que la technique a déjà fait plusieurs pas de géant qui lui ont fait atteindre un niveau de modernité inédit, chez nous, l’intelligence n’est toujours pas sollicitée, comme ce fut le cas ailleurs, pour faire face à ces défis naturels.
Fenitra Ratefiarivony