Le troisième essai ne fut pas encore le bon. Le stade Barea n’a pas été homologué par la CAF après une nouvelle visite de ses inspecteurs. C’est du moins ce qu’on comprend après la publication du programme du match du 24 mars par la fédération ghanéenne. Ce match retour contre les Black Stars se déroulera au Maroc tout comme le match contre la Centrafrique le 19 mars.
On s’y attendait un peu quant à la date annoncée par Alfred Andriamanampisoa, président de la FMF, pour la publication de la décision de la CAF, en l’occurrence le 16 février, il n’eut rien. La CAF aurait certainement avisé la FMF mais après avoir claironné urbi et orbi que cette fois, on ne pouvait pas rater le coche après les travaux effectués dans le stade suivant les recommandations de la CAF. Le ministère de la Jeunesse et des Sports, le secrétariat d’État chargé des Nouvelles Villes et la FMF n’avaient l’ombre d’un doute quant à l’issue positive de la visite des inspecteurs, se basant sur la déclaration de ces derniers au cours d’une réception en leur honneur en présence de la presse. Que pouvaient-ils d’autre que ce que la partie malgache voulait entendre dans cette tentative de les influencer ? On n’aurait peut-être pas dû organiser une telle cérémonie étant donné que cela entrave la sincérité de leur rapport, que la CAF n’aurait pas considéré pour cette raison. Cela ne se fait pas dans ce genre de mission ou, à la rigueur, de manière très discrète et sans la presse. C’est comme si on invitait les arbitres à une réception avant le match en les abreuvant de whisky, en leur fournissant de fille de joie avec, en prime, une enveloppe bien fournie. Une pratique courante en Afrique. Mais les choses ont changé.
La CAF suit le rythme imposé par la FIFA et a mis une croix sur les pratiques peu orthodoxes et l’époque des gris-gris et des vaudous pour gagner un match. Le récent voyage du ministre de la Jeunesse et des Sports au Caire où se trouve le siège de la CAF qu’il connaît d’ailleurs très bien pour avoir été un collaborateur d’Ahmad, l’ancien président de cette entité n’a aucunement influencé la décision de la CAF.
Là où c’est révoltant pour les férus de football, c’est que ni le MJS, ni le SNVH ni la FMF n’ont eu le courage et l’honnêteté de dire la vérité à la population qui y croyait. L’erreur a été de laisser croire qu’on pouvait négocier avec la CAF et ses inspecteurs sur certains points des exigences. C’est peut-être ainsi qu’on a presque négligé les recommandations faites à propos de la tribune de presse. On n’a jamais vu les travaux qui y ont été faits mais les responsables ont simplement indiqué qu’on y a mis un toit pliable. Or, après la sécurité du public, cet aspect de la communication est le plus important. Le droit de retransmission des matches acquis par Canal+, la publicité et le sponsoring constituent les mannes nourricières de la CAF. Une retransmission sur Canal+ d’un match disputé à Mahamasina avait été annulée pour des raisons techniques l’année dernière. On comprend bien qu’une telle suppression cause un gros préjudice à la CAF et pourrait compromettre le contrat qui la lie avec le diffuseur du match, les annonceurs et les sponsors. On aura donc tout compris. Un détail qui coûte cher, cette fois, aux footeux.
Sylvain Ranjalahy