Une rétrospective des discours de fin d’année des présidents français depuis 1974, soit un demi-siècle, a un dénominateur commun, en l’occurrence « l’année qui s’est terminée a été difficile ». De Valéry Giscard d’Estaing à Emmanuel Macron, en passant par François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ils ont eu systématiquement la même phrase. Il ne pouvait pas en être autrement ici comme ailleurs.
Comme de tradition, on a accueilli la nouvelle année dans la joie et avec un cortège de vœux, et l’espoir que 2025 sera bien meilleure que sa devancière. Mais tout ne s’annonce pas rose. Si l’année passée a été marquée par un délestage impitoyable et une pénurie d’eau inexplicable, aggravée par la sécheresse, rien ne permet de dire que tout s’arrangera cette année. Du moins, la pénurie d’eau. Malgré la construction annoncée de nouvelles infrastructures, les problèmes ne vont pas être résolus d’un coup de baguette magique. N’avait-on pas annoncé dans un autre régime qu’il suffisait de trois mois pour régler le délestage ? Douze ans après, le problème reste entier, sinon davantage compliqué. On chuchote qu’il va falloir attendre l’horizon 2028 pour que tout rentre dans l’ordre.
Il n’y a pas que l’énergie et l’eau qui préoccupent l’opinion. Si on applique les engagements pris avec le Fonds Monétaire International et la Banque mondiale pour que ceux-ci débloquent les fonds promis à l’État, il va y avoir des grincements de dents. Les prix du carburant vont inévitablement exploser si on se soumet au jeu de la vérité du marché, comme l’exigent les bailleurs de fonds, comme ils l’ont fait pour la TVA sur le gaz butane, dont le prix vient d’être réajusté.
S’ensuivra logiquement une kyrielle de hausses de prix des produits de base. Et, comme une évidence, la pauvreté se creusera. Le seuil de l’extrême pauvreté, fixé à 2 dollars de revenu par individu et par jour, risque d’être revu à la baisse. C’est d’autant plus vrai qu’aucune hausse des salaires n’est en vue.
On est donc sorti de l’emprise de 2024, mais pas de l’auberge. La fête n’aura été que de courte durée et on retombe dans le même décor lugubre des difficultés sociales. À l’allure où la conjoncture s’annonce, on risque d’être vannée à la fin de l’année.
Sylvain Ranjalahy