Feussoyeur

Insoutenable. La réserve forestière de la station thermale de Ranomafana est presque anéantie par le feu. Des dizaines d’hectares sont partis en fumée sous les yeux impuissants des riverains, des élus et des autorités locales. Leur appel en détresse n’a eu aucun écho. L’ivresse du feu n’avait rien à envier à celle qui a dévasté la ville américaine de Los Angeles cette semaine. Les équipements de fortune utilisés par les habitants pour circonscrire le feu étaient vite dépassés. L’incendie de Ranomafana n’est pas sans rappeler celui du Rova Manjakamiadana il y a trente ans. Une perte énorme pour le pays, l’histoire et la nouvelle génération. 

On ignore si Ranomafana peut renaître de ses cendres, comme ce fut le cas pour les forêts australiennes détruites par le feu il y a quelques années. Par miracle, elles se sont reconstruites sans aucune intervention humaine. Même les animaux se sont ressuscités. Un phénomène que les scientifiques ont du mal à expliquer. 

Il n’est pas interdit d’espérer la même magie de la nature. Autrement, on ne mesurera pas l’ampleur du désastre. Comme les forêts détruites n’ont jamais été reconstituées, il ne faut pas se faire d’illusions. Le drame est qu’on n’a pas assez de moyens pour endiguer le fléau. Les aires protégées ne le sont que de nom. On y entre comme dans un moulin. On peut y faire des explications forestières ou minières comme l’a révélé le Premier ministre Christian Ntsay mercredi à Iavoloha. Les gardes forestiers sont en nombre insuffisant pour pouvoir cerner toute l’étendue d’une aire protégée ou d’une réserve naturelle. Ils se heurtent souvent à la résistance des squatters.

D’ailleurs, la protection de ces réserves contre le braconnage et les incendies n’a jamais été une priorité. À preuve, outre Ranomafana, les aires protégées d’Ankarafantsika, de Menabe Antimena, le corridor Ankeniheny Zahamena… ont déjà été victimes d’incendie ou de pillages.

La protection de l’environnement en général et des réserves naturelles en particulier bénéficie de beaucoup de fonds de la part de divers bailleurs de fonds, mais cela ne se voit pas concrètement. À ce rythme, on devra bientôt mettre une croix sur le célèbre slogan «  Madagascar sanctuaire de la nature ». À moins qu’on parte en croisade contre les … « feussoyeurs » de la nation.

Sylvain Ranjalahy

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