Un ministre ça démissionne ou ça ferme sa gueule. La célèbre phrase prononcée par le ministre français de la Recherche et de l’Industrie, Jean-Pierre Chevènement le 22 mars 1983 alors qu’il quittait le gouvernement François Mitterrand vaut toujours son pesant d’or quarante ans après. Un départ motivé par des désaccords sur les méthodes et l’action gouvernementale. Il allait récidiver en 1991 refusant l’intervention militaire française en Irak.
Le message est simple et clair. Soit on entre dans le gouvernement et on se soumet à sa volonté, on exécute sa politique et sa vision, soit on claque la porte quand les options et les convictions sont incompatibles. On ne peut pas y rester en jouant le rôle d’un tiers bloquant d’un bâton dans les roues, ou en restant inactif et se laissant dépasser par les événements.
Le premier conseil des ministres retransmis en direct hier à la TVM a permis de faire un constat, de voir ce que les membres du gouvernement ont dans le ventre et dans la tête. Un jeu de la vérité impitoyable et sans complaisance pour voir où se trouve le grain de sable qui sape la machine.
Certains ministres ont du mal à suivre le train imposé par le leader. Pourtant les règles de jeu étaient bien définies au préalable. Elles sont simples et claires mais des membres du gouvernement se sont emmêlés les pinceaux malgré des recentrages combinés du président de la République et du Premier ministre. On leur demandait un chronogramme précis des actions à entreprendre et ils se sont perdus dans des démonstrations techniques et des circonvolutions soporifiques. Peut-être pour noyer le poisson ou pour détourner l’attention. Qu’à cela ne tienne, le fait est que les problèmes restent entiers et les initiatives tardent. La crise concerne plusieurs domaines auxquels il faut trouver des solutions dans les meilleurs délais. Mais entre les directives et la réalisation de ce qui était convenu, il y a loin de la coupe aux lèvres.
Les projets à moyen ou long terme semblent masquer ceux qui nécessitent une vitesse d’exécution. Car certaines solutions ne peuvent pas attendre au risque de mettre en péril toute l’économie, toute la vie sociale si ce n’est déjà le cas. Ainsi au lieu d’attendre la finition des forages, il faut chercher à faire fonctionner les stations de traitement d’eau d’Ankadivoribe, de Talatamaty, les châteaux d’eau un peu partout… Si on a les moyens d’investir dans les bonbonnes, les camions… c’est mieux de les consacrer à remettre en marche les infrastructures existantes. À moins qu’il y ait anguille… sous l’eau.
Sylvain Ranjalahy