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Les tractations seront âpres dans les coulisses du Conseil municipal d’Antananarivo. |
Le Conseil municipal d’Antananarivo a procédé à l’élection des membres de son bureau, vendredi. Les résultats confirment que la mairesse ne bénéficiera pas d’une liberté totale dans ses initiatives.
À géométrie variable. Il s’agit d’une expression célèbre dans le microcosme politique depuis le milieu des années 90. Une expression utilisée pour parler des variations de l’équilibre des forces à l’Assemblée nationale, en raison des jeux d’alliances. Une situation qui pourrait s’appliquer au Conseil municipal d’Antananarivo.
Dans la foulée de la cérémonie d’installation de Harilala Ramanantsoa, maire de la capitale, le Conseil municipal a tenu sa première réunion. L’élection des membres de son bureau a été à l’ordre du jour, notamment. Les coulisses du vote et les résultats confirment le fait que la mairesse et la coalition “Isika rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina” (Irmar), ne jouissant que d’une majorité relative au Conseil, doivent s’en remettre aux jeux d’alliances pour éviter d’être mises en minorité.
Cinquante-cinq conseillers siègent au sein de l’organe délibérant de la Commune urbaine d’Antananarivo (CUA). La configuration des forces est de vingt-trois sièges pour l’Irmar, vingt pour le parti “Tiako i Madagasikara” (TIM), sept pour le “Tia Tanindrazana”, trois pour le Mouvement Gasikara. Le parti Refondation totale de Madagascar (RTM) et l’entité “Iarivo Mandroso” ont respectivement un siège.
Rien qu’une coalition du TIM et du “Tia Tanindrazana” peut mettre l’Irmar en minorité, même si les deux élus du RTM et de “Iarivo Mandroso” venaient à son renfort. À l’instar de la précédente mandature à la CUA, la versatilité de certains élus, au gré des humeurs ou des intérêts, fait qu’une majorité n’est pas acquise d’avance. Durant l’élection des membres du bureau du Conseil municipal, vendredi, plusieurs scénarios d’alliances se sont joués.
Individualités
“Nous avons décidé de faire alliance afin de briguer tous les sièges du bureau du Conseil. Au total, nous devions former un bloc de trente conseillers durant ces élections. Au final, il y a eu quelques-uns qui ont changé d’avis en cours de route”, confie une source au sein du Mouvement Gasikara. Coup de théâtre : c’est Guy Ralitera Andriamparany, candidat de la coalition “Isika rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina” (Irmar), qui a été élu président du Conseil municipal avec trente voix, contre vingt-cinq pour celui de l’opposition.
Pour l’élection du vice-président, pourtant, les trente élus des trois entités ayant fait alliance ont voté à l’unanimité pour le conseiller Toavina Ralambomahay. Il a même obtenu un vote de plus pour compiler trente et une voix sur les cinquante-cinq possibles. Le premier rapporteur général Navalona Francky Rakotoarijaona, issu du Mouvement Gasikara, a quant à lui été élu sur le fil. De sources avisées, “le choix des candidats a fait qu’il y ait eu des individualités qui ont brisé l’alliance”.
L’élection du vice-président indique, par ailleurs, qu’un soutien des deux élus du RTM et de “Iarivo Mandroso” n’est pas acquis pour l’Irmar. L’un d’eux aurait porté à trente et une les voix obtenues par le conseiller Ralambomahay. L’alliance du TIM, du “Tia Tanindrazana” et du Mouvement Gasikara a néanmoins réussi à gagner trois des quatre sièges du bureau du Conseil municipal.
En tant qu’organe délibérant de la CUA, des décisions et actes majeurs, comme le budget de la Commune, peuvent être validés par le Conseil municipal. Au regard de la configuration des forces, la mairesse Harilala Ramanantsoa pourrait ne pas avoir la coudée franche dans la conduite des affaires municipales. Toutefois, elle et l’Irmar pourront toujours miser sur les jeux d’alliances avec les “individualités” pour éviter d’avoir constamment des bâtons dans les roues.
Garry Fabrice Ranaivoson