GOUVERNANCE - 2024, une année de défis

L’Exécutif a eu du pain sur la planche à cause des problèmes sociaux.

Des problèmes multidimensionnels. L’État a dû y faire face durant cette année 2024, qui est aussi la première année du second quinquennat de Andry Rajoelina, président de la République.  

Après un début d’année relativement soft, les premiers soucis sont arrivés avec le passage du cyclone Gamane, en mars. Les intempéries ont causé des drames humanitaires et des dégâts importants en termes d’infrastructures dans le Nord du pays. Les besoins pour le relèvement post-cyclonique ont été évalués à 339 milliards d’ariary. Jusqu’à l’heure et alors qu’une nouvelle saison cyclonique s’amorce, les autorités sont toujours à pied d’œuvre dans la reconstruction.  

Toutefois, le plus grand défi auquel l’État a dû faire face cette année est la crise de l’eau et de l’électricité, dont Antananarivo est particulièrement victime. Les épisodes de sécheresse prolongée ont exacerbé une situation déjà critique dans le domaine énergétique. À cause de l’étiage, la production des centrales hydroélectriques est au plus bas. En parallèle, la production des centrales thermiques, même poussée au maximum, ne suffit pas à combler le gap. Il y a, en plus, des risques de panne.  

La vétusté du réseau de distribution électrique complique encore plus les choses. En conséquence, Antananarivo, notamment, a connu des délestages allant jusqu’à seize heures par jour, avec des répercussions dévastatrices pour l’économie. Pareillement, la vétusté des infrastructures, accentuée par la persistance de la saison sèche, a causé des pénuries d’eau. Depuis plusieurs mois, les bidons d’eau font partie du décor dans les foyers, devant les puits et les bornes fontaines.  

La frustration causée par la conjugaison des coupures d’électricité et d’eau a engendré des vents de révolte dans certains quartiers de la capitale et dans d’autres villes. « Transformer les défis en opportunités », est un des leitmotivs du président de la République.  

En parallèle aux solutions d’urgence, en réponse à la crise énergétique, l’État a annoncé des investissements dans des centrales solaires et l’accélération de la mise en œuvre des projets hydroélectriques. Il y a l’exemple de la centrale de Ranomafana, à Ankazobe, dont le coup d’envoi des travaux de construction a été donné ce mois de décembre.  

Insécurité et trafics  

Comme réponse à la pénurie d’eau, les autorités s’engagent à concrétiser au plus vite la construction de nouvelles stations de production et de traitement d’eau, ou encore, la rénovation des conduites d’eau. L’ampleur du problème étant ce qu’elle est et face au ras-le-bol des ménages, l’État, dos au mur, ne peut plus tergiverser et a une obligation de résultats. Outre les problèmes d’eau et d’électricité, le relent de l’insécurité rurale a marqué l’année 2024.  

En plus des vols de bovidés qui restent un problème irrésolu, les actes de banditisme les plus retentissants ont été les kidnappings dans les districts d’Ankazobe et d’Anjozorobe. À cela s’ajoutent les cas de trafics transfrontaliers. Rien qu’en ce mois de décembre, deux cas de tentatives d’exportation illicite d’or, avortées, ont défrayé les chroniques.  

Malgré un branle-bas de combat international, les trafiquants de ressources naturelles n’en démordent pas non plus. La semaine dernière, un député a été pris en flagrant délit avec cent-douze tortues endémiques. Ces dernières figurent sur la liste des espèces protégées et interdites au commerce et à l’exportation, et pourtant, elles sont parmi les principales victimes de contrebande. Un fait révèle que les lémuriens, malgré leur taille, en sont également victimes.  

La saisie de quarante-huit lémuriens et de plus de mille tortues venant de Madagascar, en Thaïlande, en début mai, a indigné l’opinion publique tant nationale qu’internationale. Ces faits précités imposent un renforcement de la politique et des moyens de lutte contre les trafics des ressources naturelles et minières du pays. Ils imposent aussi l’application, sans exception, de sanctions sévères et dissuasives.  

Les violents cyclones, les trafics des ressources naturelles, ou encore, la sécheresse et ses conséquences, cette année, sont de douloureuses piqûres de rappel sur les enjeux de préservation de l’environnement. Le thème de la saison de reboisement ouverte officiellement le 16 décembre met même en exergue la synergie qu’il y a entre la préservation des forêts et la production d’eau et d’électricité.  

Malheureusement, il semble qu’il y ait encore beaucoup à faire pour une prise de conscience collective sur les enjeux de la préservation de l’environnement. Cette année 2024 est aussi marquée par des déforestations, des incendies de forêt et de feux de brousse particulièrement intenses. Selon certains analystes, la lutte contre la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie des ménages en zone rurale sont aussi des paramètres importants dans la préservation de l’environnement.  

Garry Fabrice Ranaivoson

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