Roland Kobia, ambassadeur de la délégation de l’Union européenne parmi les invités, hier. |
Le CEO Summit 2024 a réuni dirigeants, entrepreneurs et décideurs pour discuter de l’avenir économique et stratégique de la région de l’océan Indien.
Entrepreneurs, leaders, visionnaires : nous avons eu l’opportunité de les rencontrer lors de l’événement d’ouverture du CEO SUMMIT 2024, qui s’est tenu hier au Novotel Ankorondrano, pour recueillir leurs avis sur la situation de chaque île dans la zone de l’océan Indien. Avec cinq cents invités présents lors de cette première journée, l’objectif principal était d’élargir leurs réseaux et de favoriser les interconnexions entre les îles. Les participants étaient globalement optimistes quant à cette première édition, partageant un même état d’esprit « ambitieux pour la région de l’Indo-Océanique». Toutefois, ils soulignent que certaines situations nécessitent des améliorations.
Tiana Rasamimanana, président du Syndicat des Industries de Madagascar (SIM) - «L’unité et l’ouverture»
Unissons-nous pour réussir, au lieu d’agir de manière dispersée. Les pays d’Amérique du Sud ont su se renforcer et s’intégrer au marché européen, ce qui leur a permis d’affirmer leur place sur la scène internationale. De la même manière, nous, dans la région de l’océan Indien, devons prouver ce dont nous sommes capables, car nous disposons de tous les atouts nécessaires… C’est précisément l’objectif de cette rencontre : élaborer des résolutions communes à soumettre à l’ensemble des dirigeants de la région de l’océan Indien. Chaque île possède ses atouts, et si nous exploitons correctement ces forces, nous pourrons réellement réussir. Parmi ces solutions, l’enlèvement des restrictions, comme pour La Réunion, qui ouvrirait tous les accès. Il revient au secteur privé de pousser, d’inciter et de contraindre les autorités à avancer dans cette direction.
Gérard Monloup, président de Hazovato Forello - «Créer des synergies entre îles»
Ce n’est pas du simple réseautage, nous cherchons avant tout à mettre en contact les décideurs pour créer des synergies avec des partenaires mahorais, seychellois, mauriciens ou comoriens. Nous avons beaucoup de choses à offrir, mais aussi des besoins, et j’aimerais rencontrer ces partenaires. En tant que directeur de société privée, j’espère que les déclarations de la présidente de la région Réunion et de notre président auront des répercussions sur nos entreprises. Il faut lever les verrous, principalement administratifs. À mon avis, il est nécessaire d’alléger les conditions administratives sur l’import-export, les terrains, de libérer les échanges au niveau douanier et d’améliorer les infrastructures. Madagascar est un mini-Brésil, et si nous prenons les bonnes décisions, nous pourrions dépasser toutes les îles d’Amérique du Sud sur le plan économique… Ce n’est pas loin, 10, 20 ans peut-être, ou même une génération, mais c’est faisable pour Madagascar.
Rafaravavitafika Rasata, ministre des Affaires étrangères de Madagascar - «Un défi géopolitique à relever»
C’est un beau défi que nous allons relever ensemble. Il faut vraiment savoir que ce qui se passe dans le pays ou dans le monde ne doit jamais être perçu comme quelque chose qui n’arrive qu’aux autres. Nous sommes dans une situation géopolitique d’incertitude… L’adaptabilité n’est pas une option, c’est une nécessité. Un équilibre doit être trouvé entre le nationalisme et le recours au multilatéralisme. Le multilatéralisme est un défi, car il y a beaucoup de politiques nationales qui se confrontent à celles des multinationales. Actuellement, Madagascar se concentre davantage sur les pays insulaires en développement, en particulier ceux qui sont dans une situation similaire à la nôtre en termes de sécurité maritime, alimentaire, sanitaire, et autres. Le pays entame une plaidoirie pour transmettre ces préoccupations aux membres de la Commission de l’océan Indien (COI). Madagascar est un pays dont il faut libérer le potentiel et réfléchir aux autres priorités. L’État malgache a pris ses responsabilités pour renforcer et améliorer le climat des affaires et ainsi mettre Madagascar en avant sur la scène internationale.
Roland Kobia, ambassadeur de la délégation de l’Union européenne auprès de la République de Madagascar et de l’Union des Comores - «Un climat des affaires favorable»
Je suis personnellement au-delà de l’action institutionnelle de l’Union Européenne. Il s’agit d’instaurer un climat des affaires favorable pour attirer les investissements, qu’ils soient étrangers ou malgaches, et de permettre aux Malgaches de créer des entreprises et de lancer des projets. Nous, en tant qu’Union Européenne, et d’autres bailleurs, donnons des fonds aux pays qui cherchent à se développer, mais nous ne pouvons pas tout faire seuls. Nous avons besoin du secteur privé pour compléter notre action. D’après les chiffres fournis par les États-Unis, pour atteindre les objectifs du développement durable, il faut 5 000 milliards de dollars par an jusqu’en 2030, un chiffre difficile à atteindre par les donateurs publics. Il est donc essentiel d’avoir un climat des affaires favorable. Madagascar, comme tous les pays en développement, a encore des progrès à faire, mais ce que nous constatons ici, c’est la volonté d’agir sur ce sujet. Et Madagascar peut compter sur l’Union Européenne pour améliorer ce climat des affaires.
Irina Tsimijaly