SOATIANA BETY LÉONNE - « Le diagnostic de l’emploi est essentiel à la croissance économique »

Florent Soatiana Bety Léonne, directrice générale  de l’Onef.

Le marché du travail est à une période charnière de son évolution, avec un gap important à combler en termes de compétences et d’employabilité. Florent Soatiana Bety Léonne, DG de l’Onef, explique l’importance d’avoir des données scientifiques concernant l’emploi, dans le but de « fournir un outil de prise de décision fiable ».

Qu’est-ce que l’Onef ? Et quelles sont ses attributions principales ?

Bonjour, l’Office National de l’Emploi et de la Formation est un établissement public à caractère administratif. Cette structure est régie par le décret n° 2018 - 1080. Notre principale mission est de produire et diffuser régulièrement des informations nécessaires à l’emploi et la formation professionnelle. C’est donc, en des termes plus concis, la production de données intégrées, ayant trait au marché du travail et au secteur de l’emploi. Nous sommes un organisme statistique du marché du travail. Quand on parle d’emploi ici, il s’agit aussi de la formation, de l’apprentissage, de l’alternance, il s’agit donc des données sur les personnes qui cherchent du travail, mais aussi qui sont déjà dans le monde de l’emploi. Ici, nous nous chargeons surtout de collecter, produire et diffuser les données statistiques pertinentes du marché du travail.

Pourquoi produire ce genre de données et comment les utiliser par la suite ? 

Effectivement, nous collectons les données pour les diffuser ensuite et au grand public et aux décideurs. Avoir une base solide sur laquelle élaborer la politique de l’emploi est en effet vital pour la croissance économique. Ces données servent en partie d’outils de décision, mais aussi, et surtout d’informations essentielles sur les secteurs porteurs sur le marché du travail. Cela permet d’orienter les gens vers les domaines et des compétences dans lesquels la demande est forte sur le marché du travail. Pour diffuser nos données, nous avons recours aux supports physiques, mais nous sommes aussi présents sur les réseaux sociaux et sur LinkedIn. Nous envisageons aussi d’effectuer des séances d’informations auprès des universités pour permettre aux jeunes, principaux concernés, de s’informer sur le monde du travail, avec des données fiables.

Quelles sont donc vos réalisations récentes et vos publications ? 

Vous n’êtes pas sans savoir que le monde de l’emploi actuellement est en proie à une inadéquation des compétences avec les offres qui existent sur le marché du travail. C’est la raison pour laquelle nous avons élaboré avec le secteur privé, ainsi que différents partenaires, une enquête sur les besoins en compétences du secteur privé. Cette étude sera publiée en décembre, pour répondre justement à cette problématique. Cette étude permettra aussi de déterminer les compétences qui manquent par rapport à nos jeunes, il s’agit d’une projection sur dix ans. Il existe aussi d’autres études à l’issue des enquêtes réalisées par nos collaborateurs, notamment la publication des rapports de l’étude portant sur l’identification des opportunités d’emploi dans les vingt-quatre régions de Madagascar. Nous travaillons aussi sur la publication d’une revue sur le thème de l’employabilité des jeunes pour le bulletin de l’Onef. Nous avons aussi mis en place, ces cinq dernières années, le répertoire des métiers à Madagascar, quoiqu’il ait besoin d’être mis à jour pour inclure de nouveaux secteurs d’activité. 

Concrètement, est-ce que la publication de données sur le marché du travail permet de répondre aux besoins en compétences sur le marché du travail ?

L’identification des compétences dont le secteur privé a besoin est en effet d’une importance essentielle, si ce n’est vital. Cette étude montre en détail les besoins de chaque secteur d’activité dans toutes les régions de l’île, pour les dix ans à venir. Ces rapports et études seront ainsi des outils de décision pour les ministères concernés pour réaligner justement les curricula de formation qui existent auprès de l’enseignement technique. C’est-à-dire que de nouvelles branches de formations, mieux adaptées au contexte, pourront être mises en place, tandis que d’autres formations, moins essentielles pourraient être revisitées. Tout va dépendre des résultats qui seront collectés auprès du secteur privé. Donc, répondre à cette problématique de l’inadéquation entre les compétences et les besoins du marché du travail ne se fera pas à court terme. Il est impératif de mettre en place des stratégies et des plans d’action politiques, d’où l’intérêt des statistiques que nous fournissons. Ce n’est donc qu’à moyen ou long terme que le problème pourrait être résolu. 

Itamara Randriamamonjy

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