Le professeur Fahafahantsoa Rapelanoro Rabenja reçoit le premier prix de l’Académie nationale de médecine de Madagascar. |
L’importante migration des médecins à l’étranger est un fait indéniable. Ces professionnels de santé demandent une meilleure considération.
Des professeurs de médecine restent optimistes devant l’important départ des médecins malgaches à l’étranger. «La médecine aura un avenir, car il y a des enseignants qui se dévouent pleinement à la Nation, ici. L’exemple de mon parcours prouve qu’on peut effectuer nos recherches à Madagascar», a déclaré le professeur Fahafahantsoa
Rapelanoro Rabenja, spécialiste en dermatologie, qui a déjà alerté sur la fuite des cerveaux, il y a 10 ans, au temps où il a été le doyen de la faculté de médecine. « J’avais pensé à l’époque que la faculté de médecine s’éteindrait si les enseignants et l’enseignement ne sont pas pris en charge», poursuit-il. Un autre professeur, qui préfère parler de «fuite des techniciens» et non de « fuite des cerveaux », estime que ce n’est qu’une part des diplômés qui partent. Selon lui, sur les cinq cents nouveaux docteurs en médecine diplômés chaque année, « une centaine partent ». C’était hier, dans le cadre de la journée de l’Académie nationale de médecine de Madagascar à Tsimbazaza.
Exil croissant
Depuis la sonnette d’alarme du professeur Rapelanoro, l’hémorragie continue. Cet exil croissant des médecins n’est pas sans conséquence, principalement dans le domaine de la spécialisation où le vide se creuse. Un spécialiste en santé publique estime que sur les près de soixante-cinq internes qualifiants recrutés chaque année, seule une dizaine reste dans les hôpitaux publics de Madagascar. «Ils partent faire leur spécialisation à l’extérieur, certains reviennent à Madagascar pour terminer leur mémoire, puis ils repartent», regrette cette source. Les offres sont alléchantes à l’étranger, avec des salaires qui peuvent s’élever à vingt-cinq, voire cinquante fois plus élevés qu’à Madagascar, des plateaux techniques de dernier cri «qui nous permettent d’appliquer pleinement ce que nous avons appris à l’école». Les pays développés comme l’Europe et l’Amérique ne sont plus les seules destinations des diplômés. «Certains partent en Afrique, comme au Mali, où les salaires des infirmiers sont trois fois supérieurs à ceux des médecins à Madagascar, ou aux Comores, où les salaires sont six à sept fois supérieurs à ceux de Madagascar, à part l’hébergement», partage cette source.
Pour mettre un frein à cette migration, les médecins appellent à une prise de responsabilité de l’État. « Il faut une volonté politique pour améliorer les conditions de vie et d’exercice des professionnels de santé, que ce soit en termes de recrutement ou en termes de salaires », notent-ils. « Ici, c’est notre patrie, c’est ici que nous devons travailler au profit des Malgaches », s’adresse le professeur Ange Andrianarisoa, président de l’Académie nationale de médecine de Madagascar, à ses pairs.
Miangaly Ralitera
Bonjour, l'état n'embauche pas ? Pourquoi ?
RépondreSupprimerD'une part, une fois le diplôme obtenu il faut faire un minimum de 2 années de bénévolat pour pouvoir obtenir une place. Actuellement des bénévoles font 3, 4 et beaucoup plus d'années de travail dans les hôpitaux et gratuitements pour l'état. Si tous les bénévoles s'arrêtait de travailler, l'état serait obligé d'embaucher.
D'autres part, pour postuler un emploi à Madagascar ça coûte une fortune en commission pour avoir une chance d'avoir un poste... (de 5 à 9 millions d'Ariary) en espèces.