L’enfer du décor

Un décor d’enfer. C’est le constat livré par le message de la Conférence des évêques à propos de la conjoncture générale subie par le pays. La Conférence des évêques brosse un tableau foncièrement noir dans tous les secteurs. L’énergie, l’eau, la consommation, la sécurité, l’éducation et l’enseignement, rien ne va. Évidemment les évêques ne se sont pas gênés pour mettre sur  l’échafaud l’État. Ils l’accusent de beaucoup de verbiage pour peu d’actions. Certes, il y a beaucoup à dire sur le choix des priorités de l’État dans une situation compliquée pour la majorité de la population mais l’Église en général et les évêques en particulier ont une part de responsabilité dans l’abîme dans laquelle le pays se trouve. Outre les quatre pouvoirs connus en l’occurrence, l’exécutif, le législatif, le judiciaire et la presse, l’Église constitue également au fil des temps un pouvoir ou plutôt un contre-pouvoir très puissant. C’est ainsi qu’on scrute à tous les coups les déclarations du FFKM ou de la Conférence des évêques. Ils espèrent y trouver une condamnation des actes qu’ils estiment répréhensibles, les autres comptent y trouver un réconfort moral, un salut de l’esprit faute de pouvoir changer la situation.

Depuis les années 90, l’Église a été un des acteurs déterminants du changement dans les pays dits « progressistes ». Elle a été le fossoyeur des régimes socialistes en Afrique. La fédération des églises a été l’initiatrice du fameux « forum national » à l’issue duquel le sort des régimes socialistes a été scellé. Et dans toutes les crises politiques successives en 1991, 2002, 2009, 2014… l’Église a toujours été au centre des débats soit en tant qu’actrice soit en tant que médiatrice plus ou moins alignée.

Aujourd’hui, les prêtres et pasteurs faiseurs de miracle, les politiciens au petit esprit, les parlementaires véreux …se servent de l’Église comme bouclier pour les dédouaner des actes innommables qu’ils commettent.

L’Église a-t-elle failli à son rôle de gardien de la morale de la société ? Justement, à en juger le niveau du taux de criminalité, la recrudescence des viols, la pédophilie des hommes d’église, on serait tenté de répondre par l’affirmative.

Les évêques demandent aux dirigeants des actes et non des paroles alors qu’ils en font autant. Est-ce que les déclarations de la Conférence des évêques ont pu changer quoi que ce soit depuis des années ? Est-ce que les prières ont pu faire reculer la pauvreté, baisser les prix, réduire le banditisme, influencer la météo, exorciser le délestage ?

Il faut donner plutôt l’exemple au lieu d’une leçon de morale à tous les coups. Et le père Pedro Opeka démontre bien que les hommes d’église peuvent très bien battre la pauvreté, changer le destin des uns et des autres, réaliser justement là où l’État a échoué. Élémentaire.

Sylvain Ranjalahy

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