LÉGISLATION - Le droit foncier lèse les femmes

Les participants lors de l’atelier organisé par le Cirad à l’hôtel Panorama, hier.

À Madagascar, l’accès à la terre reste une question complexe pour les femmes. Selon une étude du Cirad, des disparités subsistent dans l’héritage et la gestion des terres, domaines largement contrôlés par les hommes.

Dans le pays, les inégalités de genre se manifestent particulièrement dans l’accès à la terre. C’est le thème de l’atelier organisé par  le centre de Coopération internationale en recherche agronomique  pour le développement, ou Cirad, hier à l’hôtel Panorama. Selon une enquête menée par le Cirad, dans deux communes du district d’Ambato Boeny, 54 % des hommes sont propriétaires de terres, contre seulement 46 % des femmes. Cette différence s’explique par des traditions et des pratiques sociales qui privilégient les hommes lorsqu’il s’agit d’héritage et de propriété foncière. Le droit foncier, qui régit la possession des terres, favorise les hommes et renforce ainsi l’inégalité entre les sexes. 

Salohy Rafanomezantsoa, chercheuse au Cirad, explique : « Les femmes sont souvent exclues des droits fonciers, ce qui les empêche de développer leur autonomie économique, surtout en cas de divorce ou de séparation». Elle ajoute que « dans les zones rurales, les pratiques culturelles sont souvent plus puissantes que la loi, entravant l’accès des femmes à la terre». La situation devient encore plus difficile durant les séparations de couples. La loi malgache stipule que les biens doivent être partagés de manière égale en cas de divorce, mais ces règles sont rarement appliquées dans les régions rurales. De plus, de nombreuses unions ne sont pas enregistrées légalement, rendant le partage des biens encore plus difficile.

Vulnérables 

L’inégalité d’accès à la terre a des conséquences graves sur l’autonomie des femmes malgaches. Beaucoup de femmes se retrouvent sans ressources foncières, surtout après une séparation. Salohy Rafanomezantsoa affirme: « Les femmes sont souvent laissées sans terres ni moyens financiers après un divorce, ce qui les rend encore plus vulnérables dans une société patriarcale ». Quatre foyers sur dix dépendent uniquement des terres que les hommes ont reçues. Cela laisse les femmes sans ressources si elles se séparent. La situation est encore plus compliquée lorsque les femmes souhaitent se remarier, car elles n’ont souvent pas de terres à transmettre. 

Dans les communes de Tsaramandroso et Manerinerina, l’enquête montre que seulement 48 % des femmes possèdent des terres, un constat qui reflète une tendance similaire dans d’autres régions rurales du pays. La chercheuse précise : « Il est urgent de réformer les lois pour que les femmes aient les mêmes droits que les hommes en matière de propriété foncière ». Elle insiste sur l’importance d’appliquer ces lois pour garantir aux femmes l’accès à la terre et à l’héritage, essentiels à leur autonomie et égalité.

Irina Tsimijaly

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