La pêche à la baleine, une occupation principale

Une illustration de 1601 sur la capture de baleines à l’île Sainte-Marie.

Les illustrateurs d’ouvrages anciens aiment peindre les mœurs des pays qu’ils découvrent au gré de leur voyage. Outre les jeux et surtout les danses, passe-temps favoris des peuples de Madagascar (lire précédente Note), les auteurs anciens s’intéressent également aux occupations de survie quotidienne et aux scènes d’ethnologie culturelle.

Ainsi de la pêche à la baleine qui constitue pour les « naturels » du Nord-Est la principale occupation à l’époque où les cétacés remontent des mers australes. D’après Raymond Decary, c’est l’objet d’une fort belle gravure de l’an 1601. Toutes les phases de la capture sont représentées, depuis l’attaque initiale de l’animal et son harponnage jusqu’au dépècement en volumineuses tranches de lard. En mer, une pirogue a chaviré dans l’ardeur de la lutte sur le rivage et ses occupants s’enfuient à la nage, pendant que sur le rivage, un homme et une femme paraissent en grande conversation…

Raymond Decary fait aussi remarquer qu’hommes et femmes ont tous le lobe inférieur de l’oreille percé et distendu. Sur ce point, Flacourt écrit : « Ils portent des oreillettes d’or, ayant les oreilles percées à mettre la grosseur du pouce. Il y en a, comme aux Erindranou, qui ont le trou de l’oreille si grand que l’on y passerait un gros œuf de poule : ceux-là ne portent que des oreilles de bois et de corne. »

Une autre peinture, datant du premier tiers du XIXe siècle, porte sur le travail du fer. La forge à double système de soufflerie jumelée pour le fonctionnement de laquelle deux hommes sont nécessaires, ne semble plus exister, mais Leguevel de Lacombe le décrit assez bien, comme le résume Raymond Decary. Le soufflet se compose de deux troncs d’arbre, formant cylindres assujettis l’un à l’autre au moyen d’une mortaise. Deux tuyaux en fer sont emboutis dans des trous à la base des cylindres et se rejoignent sous une sorte de cône surbaissé en pierres maçonnées, sous lequel se trouve le foyer. Chaque soufflet possède un piston garni d’étoupe que l’ouvrier fait fonctionner en alternance pour obtenir un courant d’air continu.

Le « vase à boire des Hova » figure également dans l’ouvrage de Leguevel de Lacombe. C’est un objet employé couramment d’après l’auteur. « Les soldats s’arrêtèrent un instant et burent avec leurs gobelets de corne. Ces gobelets que je n’avais pas revus depuis mon voyage en Emyrne, sont plus commodes que les ravines (feuilles) dont les autres Malgaches se servent pour boire. Ils ont un manche qui s’emboîte dans un petit trou pratique à peu près au milieu de la corne. »

Une autre image sur le passé malgache qui frappe Raymond Decary, est le cimetière de Manambondro, dans le Sud-est. Sur des mâts, dont les sommets sont taillés en pointe, sont enfilées en chapelets les têtes de bœufs qui ont été sacrifiées dans les cérémonies funèbres. Dans un coin, une petite case en feuillage sert de demeure à un vieil esclave que le dernier chef de Manambondro a affranchi avant sa mort. Cet homme, écrit Leguevel de Lacombe, « en vivant près de la sépulture de son maître, remplissait un pieux devoir que des  sentiments de reconnaissance lui avaient seuls suggéré, car il n’est pas de rigueur que les cimetières aient des gardiens ».

Pela Ravalitera

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