Des points de vente de carburant aux abords de la route à Ilaidama. |
Au vu et au su de tout le monde, les points de vente obsolètes de carburant, plus précisément d’essence, se multiplient dans la ville d’Ambilobe. La prolifération de ces points de vente ne se raconte pas, elle se vit. Pourtant, cette activité est non seulement illicite, mais fait peser des risques énormes sur la sécurité des riverains et des paisibles citoyens.
Quelques bouteilles d’essence, un entonnoir, tous rangés sur une table en bois ou sur une chaise, sans crainte ni formalité particulière, le nécessaire est acquis pour devenir vendeur de carburant dans la capitale d’Ankarabe. Ces étals sont placés, soit devant une épicerie, soit devant une gargote, sans parler des habitations construites avec des matières locales.
La clientèle ne manque pas, surtout lorsque le point de vente est bien situé, sur un trottoir où la circulation des motos et des taxi-bajajs est intense. On en trouve des dizaines le long des principales rues de la ville.
Au début, il n’y avait que des vendeurs au croisement de la route qui se dirige vers la société sucrière Sucomacar. On sait que les taxis-motos et les bajajs sont loin d’aller au-delà du pont Mahavavy, où se trouvent les trois stations-services Jovena, Shell et Galana. Mais plus tard, le commerce s’est développé et a atteint même les grandes agglomérations.
Prix plus élevé
Le directeur régional de l’industrialisation et du commerce, Romuald Tagnina, a tenu à expliquer que son département a déjà mené une opération de sensibilisation et effectué une descente pour interdire ces pratiques, mais dès que l’inspection prend fin, ils reprennent leurs activités illégales.
Le constat laisse apparaître que certains revendeurs d’essence en bouteille drainent plus de clients que certaines stations-services, malgré un prix plus élevé (7 000 ariary le litre) comparé à celui des stations. De même, l’attente n’est pas de longue durée, en particulier pour les véhicules à deux roues.
Face à ce phénomène, on n’assiste à aucune action d’envergure des services compétents, notamment ceux des autorités déconcentrées et municipales.
Ce qui est déplorable relève du fait que ces points de vente ne sont ni règlementés, ni amendés, sinon soumis à des ordres d’interdiction d’aucune structure publique. Ce commerce informel et dangereux est devenu l’activité principale de la majeure partie des jeunes ruraux en exode dans la capitale d’Ankarabe. Pour ne pas rester à la maison, ces jeunes s’adonnent à cette activité, peu importe les conséquences.
De fait, la vente illicite de carburant crée des emplois, maintient la survie de nombreux ménages, simplifie la mobilité des personnes et des biens en temps de pénuries dans une région où le secteur informel prédomine.
En outre, 70 % des personnes interrogées affirment que la vente illicite de carburant est vraisemblablement due au chômage, à la pauvreté, à la misère et au manque d’emploi des jeunes. Le circuit d’approvisionnement reste complexe.
« J’ai recouru à cette activité parce que je n’avais pas d’autres alternatives après mes études. Grâce à cette activité, je parviens à supporter les charges des sept bouches que je nourris », a expliqué Saïd, un vendeur dans le quartier Ilaidama. Selon ses dires il réussit à vendre plus de cinquante litres d’essence par jour.
Raheriniaina