Des communautés dans la région Atsimo Andrefana n’ont pas suffisamment accès aux soins, à l’éducation, à l’eau et à l’alimentation. |
Le chemin s’annonce encore long dans le développement de la santé, de l’éducation, de l’assainissement, de l’hygiène et de la nutrition des communautés de la région Atsimo Andrefana. La sécheresse, les cyclones, les inondations entraînent des impacts néfastes sur les communautés. Les problématiques d’accès retardent parfois les efforts déployés. Le taux d’incidence de la pauvreté monétaire pour cette région du Sud, atteint 89,4%.
La région Atsimo Andrefana enregistre un taux de couverture vaccinale en dessous du taux national de 38%. Il est de 25%. D’après l’Enquête démographique et de santé (EDS) 2021, le taux de non-accès à l’eau potable y est de 59%. Le taux brut de scolarisation au niveau du collège dans toute la région est de 21,7%.
Pour le secteur de la protection de l’enfant, 40% des enfants de moins de 5 ans sont enregistrés, tandis que la moyenne nationale est de 78,6%. La région présente le taux de mariages d’enfants le plus élevé, avec 66% de femmes âgées entre 20 et 24 ans qui se sont mariées avant d’atteindre 18 ans.
Les aléas climatiques, sécheresse, cyclones et inondations frappent les communautés de manière imprévisible et cyclique à la fois. Les sécheresses prolongées les empêchent de produire pour leur consommation quotidienne, accentuant ainsi la pauvreté économique et monétaire. Cette situation freine les mères de famille à rejoindre des centres de santé ou à envoyer leurs enfants à l’école.
En termes de nutrition, les districts d’Ampanihy, Betioky, Toliara II, Sakaraha sont des districts indiqués par l’Unicef comme étant en situation d’urgence. La situation de sécheresse prolongée impacte la sécurité alimentaire, la santé et le développement de l’enfant, ainsi que la situation nutritionnelle des groupes vulnérables comme les femmes enceintes, les enfants en bas âge et les personnes âgées.
Le taux de couverture vaccinale de 25% est en dessous de la moyenne nationale de 38%. |
Le vaccin mal accepté
Le taux de couverture vaccinale pour la région Atsimo Andrefana est de 25%. On enregistre un centre de santé de base pour près de onze mille habitants. 52% de la population se trouve dans des fokontany à plus de 5 km du centre de santé de base le plus proche. En milieu urbain, les mamans sont plus souvent occupées par la gestion du quotidien et négligent les rendez-vous routiniers pour les vaccins de leurs enfants.
Certaines cultures refusent de se faire vacciner et d’autres ne comprennent pas très bien les enjeux des vaccins dans le développement d’un enfant. Dans le secteur de la santé en général, plusieurs localités assistent à une insuffisance du personnel de santé, à la vétusté des infrastructures et équipements de santé ou à la rupture des consommables et intrants de santé.
Une quarantaine de points d’eau seront réhabilités par l’Unicef dans quatre districts. |
La vie et l’eau
Près de 60% d’une population évaluée à 2 157 122 n’a pas accès à l’eau potable dans la région Atsimo Andrefana. 87% n’ont pas accès à un service d’assainissement et 66% défèquent à l’air libre. 70% des institutions publiques restent sans service en eau et assainissement.
Le secteur rencontre des difficultés dans la pérennisation des infrastructures pour cause d’insécurité et d’enclavement, ainsi que dans les moyens financiers et techniques d’approvisionnement en eau. Les communautés sont limitées financièrement dans le paiement des services de l’eau.
Arnaud Guillois, ambassadeur de France, et Christine Jaulmes, représentante résidente de l’Unicef. |
Une éducation difficile
Un enfant sur quatre arrive à terminer le cycle primaire. Une situation liée aux moyens limités des parents pour la nourriture et l’alimentation, à la santé fragile des enfants, et aux contextes culturels qui envoient notamment les garçons à des activités économiques (surveillance du bétail, aide au ménage dans la recherche d’eau et de nourriture…).
74% des salles de classe et bâtiments scolaires recensés sont fabriqués par des matériaux locaux tels que le bois, des paillages ou de la terre crue. Ils ne résistent pas aux aléas climatiques. 57% des enseignants du primaire sont des enseignants communautaires et la majorité n’ont aucune qualification pédagogique.
Système méconnu
Le système de protection de l’enfant est un domaine peu connu dans la région Atsimo-Andrefana. Alors que des enfants sont contraints par les parents à quitter le foyer pour se marier à partir de 12 ans, le respect des droits des enfants à l’égalité, à avoir une identité, à la santé, à l’éducation et aux loisirs, ou de vivre en famille n’est pas observé.
Près de 50% des enfants sont victimes d’exploitation économique et ménagère et 34% des enfants travaillent dans des conditions dangereuses. 32% des jeunes femmes mariées se sont mariées avant 15 ans. Des enfants sont victimes de violence sexuelle aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural.
L’ambassadeur de France à Madagascar et la représentante résidente de l’Unicef à Saint-Augustin, Toliara II. |
Les partenaires techniques et financiers descendent sur le terrain
L’ambassadeur de France à Madagascar, Arnaud Guillois, et la représentante résidente de l’Unicef à Madagascar, Christine Jaulmes, sont descendus à Toliara et à Saint-Augustin dans le district de Toliara II, du 12 au 16 novembre. L’objectif de leur visite était de constater de visu les réalités, de discuter avec les pouvoirs publics de la région
Atsimo-Andrefana, d’échanger avec les acteurs locaux du développement social et de voir les impacts des programmes essentiels de l’Unicef mis en œuvre dans la région. Les deux personnalités ont visité un centre de santé de base à Mahavatse, en pleine ville de Toliara, afin d’avoir un aperçu des activités du centre en tant que centre de santé en milieu urbain.
Dans le district de Toliara II, à une trentaine de kilomètres de Toliara, le centre de santé de Saint-Augustin est dirigé par une sage-femme, mais elle est connue comme efficace dans la gestion et l’organisation du centre. Les activités nutritionnelles telles que le suivi et l’évaluation des enfants souffrant de malnutrition, la distribution de suppléments nutritionnels, et les activités intégrant la santé et la nutrition ont été expliquées. « Cette visite à Saint-Augustin a permis de voir le déploiement des acteurs et de discuter avec les agents communautaires qui sont des agents de proximité. Cela me ravit particulièrement de les voir motivés et convaincus de ce qu’ils font. Ils assurent les visites à domicile, donnent des traitements immédiats et ils sont vraiment à proximité des communautés », réagit Christine Jaulmes.
La stratégie de proximité pour une efficacité des actions consiste à demander parmi les communautés des pères ou des mères de famille volontaires pour se constituer en modèles. Les « papas et mamans modèles » démontrent à leurs pairs l’importance des soins, du suivi de la santé des enfants, des vaccins routiniers ou de la santé reproductive des adolescents. Le collège d’enseignement général de référence d’Antaninarenina est une référence dans l’amélioration de la qualité de l’éducation. Une démarche qui se justifie par la méthodologie d’apprentissage pour les matières scientifiques en particulier.
Au dernier jour de leur passage dans la cité du Soleil, les deux ambassadeurs sont venus constater l’efficacité des programmes appuyés par la France de par les activités de l’Unicef au niveau du Centre de récupération et d’éducation nutritionnelle intensif et du service de pédiatrie de l’hôpital de Tanambao. Ces actions sont caractérisées par la dotation d’intrants et d’équipements, par la formation d’agents et le suivi des prises en charge de qualité des enfants souffrant de malnutrition. Le périple finit au centre Vonjy de Toliara qui offre un paquet de services intégrés de prise en charge d’enfants victimes de violence sexuelle.
Des élèves en démonstration au CEG de référence Antaninarenina Toliara. |
ARNAUD GUILLOIS, AMBASSADEUR DE FRANCE À MADAGASCAR - « Je trouve qu’on va dans la bonne direction »
1. Quelles sont vos impressions après ces trois jours de visite ?
J’ai vu une très forte mobilisation de tout le monde. Et on travaille tous dans la bonne direction, les pouvoirs publics, les ONG, les acteurs locaux, les partenaires internationaux du développement des secteurs sociaux dans la région Atsimo Andrefana. Il y a encore à faire certes, mais j’ai trouvé du positif. Faire respecter le droit des enfants est un processus permanent qu’il faut défendre.
2. Que pourrait encore faire la France pour les secteurs sociaux dans l’Atsimo Andrefana ?
Sur financement de la France à travers l’alliance Gavi, l’Unicef Madagascar a reçu un financement de 5,4 millions de dollars pour dix-huit mois. Ce financement a appuyé le renforcement des soins de santé intégrés à la vaccination touchant Atsimo Andrefana et d’autres villes. Des services de santé de proximité, l’amélioration de la qualité des services dans les formations sanitaires. Je rappelle également qu’à travers le programme Padeve, la France répond à des objectifs d’aménagement urbain pour Toliara. La France est l’un des premiers partenaires de Madagascar en matière de santé et continuera à travailler pour la population malgache.
L'Express de Madagascar