Faire d’une pierre, deux coups. Le projet discuté, hier, au palais d’État d’Iavoloha pourrait permettre de résoudre deux secteurs à problèmes. Le projet en question consiste à la transformation des déchets en énergie.
«Face aux défis que nous relevons, les opportunités se valorisent pour l’esprit avisé. Nous sommes focalisés, et à juste titre, sur le manque cruel d’énergie dans nos villes. Pourtant, nous sommes également confrontés à d’autres défis si nous ne parlons que des déchets urbains. (...) Et les retombées seront bénéfiques pour la production d’énergie, l’hygiène et la santé publique, allant même jusqu’à la concrétisation de nos engagements pour la lutte contre le réchauffement climatique», soutient Andry Rajoelina, président de la République, sur son compte Instagram.
Le projet de transformation de déchets en énergie a été discuté avec une délégation de Cambridge Industries LTD, conduite par son vice-président, Olivier Nizeyimana. Il s’agit d’une entreprise africaine spécialisée dans l’énergie renouvelable, en misant notamment sur l’économie circulaire et «en y intégrant la technologie de pointe». Sur son site, elle se présente comme «un pionnier du développement urbain durable, partant de la collecte des déchets jusqu’au lancement de la première installation de valorisation énergétique des déchets en Afrique».
Un projet de 50 mégawatts
L’angle des discussions d’hier, à Iavoloha, a surtout été sur l’identification de solutions à la crise énergétique qui sévit dans le Réseau interconnecté d’Antananarivo (RIA). La capitale et ses environs subissent actuellement des délestages allant jusqu’à seize heures par jour. En cause, le manque de production d’électricité en cette période d’étiage, selon les explications officielles.
Le Président en frontline, l’État ratisse large et prend en compte toutes les options pour solutionner rapidement et durablement la problématique énergétique. Il y voit aussi une opportunité d’intégrer d’autres formes de production dans le système énergétique de Madagascar et accélérer ainsi la transition énergétique. Outre les centrales hydroélectriques, les centrales solaires et l’éolienne, la transformation des déchets est sérieusement prise en compte.
À l’issue de la réunion avec le président de la République, Olivier Nizeyimana a déclaré qu’un projet d’installation d’une usine hybride qui produirait 50 mégawatts d’électricité a été mis sur la table. Selon ses explications, il s’agit d’une production de 30 mégawatts par le biais de la transformation des déchets et de 20 mégawatts pour l’énergie solaire. Vraisemblablement, le but premier est de renforcer l’électricité à injecter dans le RIA.
S’agissant de la transformation des déchets, Cambridge Industries LTD ne devrait pas manquer de matière première avec les 1.500 tonnes de déchets produits par jour dans la capitale. L’entreprise est prête à investir jusqu’à 150 millions de dollars dans le projet. Contrairement aux centrales hydroélectriques, l’installation de son usine devrait se compter en mois. Il s’agit maintenant de parler de la concrétisation. Avec l’intensité du délestage, en effet, la population et les acteurs économiques commencent à perdre patience et réclament des solutions rapides, voire immédiates.
Garry Fabrice Ranaivoson