Des parents venus chercher leurs enfants avant la fin des cours. |
Des parents d’élèves du Lycée Notre Dame à Mandroseza ont rejoint l’établissement en courant, hier. Plusieurs élèves de cette école ont perdu connaissance.
Émotion à Mandroseza. La cour du lycée catholique Notre Dame à Mandroseza s’est transformée en un lieu d’exorcisme, hier matin. Vers 11 heures, des groupes de personnes tentaient de chasser le démon chez cinq jeunes filles qui gisaient au sol, inconscientes. Tantôt, elles pleuraient, tantôt elles criaient de peur, tantôt elles se bouchaient les oreilles. «Au nom de Jésus-Christ, sortez ! », répétaient des parents, tout en regardant ces élèves hors d’elles, dans les yeux. Des religieuses qui administrent cette école catholique citaient plusieurs fois la prière « Je vous salue Marie». Et cela semble fonctionner. Sans l’intervention de professionnels de santé, quatre filles reviennent à elles, peu à peu, après près de deux heures d’intervention. Elles semblent fatiguées, les yeux rouges, mais « leur démon a été chassé ». Seule l’une d’elles n’avait pas encore toutes ses forces, après plus de deux heures d’intervention. Elle a été ramenée chez elle vers midi, en voiture et escortée par des responsables de l’établissement.
Au moins une dizaine d’adolescentes scolarisées dans ce lycée ont présenté ces crises, vers 9 heures du matin, après la récréation. « Nous avons senti une odeur suffocante, comme du gaz, vers 8 heures du matin. Je n’arrêtais pas de tousser. Puis, lorsqu’on est revenu en salle, après la récréation, j’ai à nouveau senti l’odeur, j’ai toussé, et je me suis étouffée. Après, j’ai entendu une voix effrayante m’appeler, comme si quelqu’un me tirait vers lui. Dans la cour, plusieurs jeunes filles faisaient la même crise, certaines se sont évanouies », raconte Sitraka, une élève de la classe de 4e, âgée de 13 ans.
Un responsable de l’établissement a affirmé la présence d’une odeur de gaz au deuxième étage du bâtiment.
Manœuvre du diable
D’autres n’ont pas senti cette odeur. Des parents d’élèves, comme Nantenaina Ramanamahefa, présidente de l’association des parents d’élèves, sont convaincus qu’il s’agit d’une manœuvre du diable. « C’est la première fois qu’un tel événement se produit au sein de notre école », lance cette femme. D’autres regrettent les mesures prises par l’établissement. « Cela fait des heures que cet événement s’est produit. Nous nous demandons pourquoi aucun médecin n’est intervenu jusqu’à présent et pourquoi il n’y a pas d’ambulance pour transporter ces élèves à l’hôpital ? Dans notre cas, c’est nous qui avons pris l’initiative d’appeler un spécialiste de la cardiologie pour diagnostiquer notre enfant», témoigne Andriamanalina Ramarolahy, parent d’élève dont l’enfant a présenté des crises.
Les religieuses, débordées par l’événement, n’ont pas souhaité réagir à cet événement. C’est la Direction interdiocésaine de l’enseignement catholique (Didec) qui répond à leur place. « Je ne peux rien dire. Ce qui est pourtant clair, c’est que la maladie en milieu scolaire est fréquente, et cette école n’est pas la seule à être touchée. Si des élèves n’ont pas pris un petit déjeuner, ces cas peuvent se présenter. Après, d’autres peuvent être traumatisés », explique ce responsable, préférant rester anonyme.
C’est la deuxième fois, en ce mois d’octobre, que des écoles catholiques ont été confrontées à une hystérie collective. Au début du mois, seize élèves du lycée Saint Michel Itaosy se sont évanouis. « Le cas à Itaosy est clair, il s’agissait d’un problème de santé qui s’est produit pendant le cours d’éducation sportive et physique. C’était prouvé scientifiquement. Ensuite, d’autres élèves ont été traumatisés en voyant leurs camarades en crise», enchaîne ce responsable de la Didec.
Du côté des professionnels de santé, ces crises ont des explications scientifiques. « La crise convulsive et la perte de connaissance peuvent survenir si le cerveau souffre, à cause du manque d’oxygène, par exemple, si l’individu a inhalé un produit toxique », indique la source. La Didec souligne que des mesures seront prises face à de tels événements, surtout concernant la santé des élèves. « C’est notre devoir de protéger les élèves », précise-t-elle. Le lycée Notre Dame à Mandroseza sera fermé jusqu’à lundi. Les cours reprendraient mardi, si la situation revient à la normale.
Miangaly Ralitera