Le président Andry Rajoelina, s’adressant à Atou Seck, représentant résident de la Banque mondiale, hier, à Iavoloha. |
Après celui de l’eau, c’est sur le secteur électrique que se sont penchés Andry Rajoelina et l’équipe de la Banque mondiale, hier, à Iavoloha. Face à la situation, le Président parle d’urgence nationale.
Une urgence nationale. Le terme a été employé par Andry Rajoelina, président de la République, durant une nouvelle réunion avec les équipes de la Banque mondiale, hier, au palais d’État d’Iavoloha.
Le locataire d’Iavoloha qualifie «d’urgence nationale» le problème d’eau et d’électricité dans le pays. Un qualificatif pour expliquer pourquoi il s’engage à cor et à cri dans la recherche de solutions immédiates, à moyen terme, mais aussi durables. Si le Président parle de «déclaration de l’urgence nationale», il n’y a pas d’acte officiel le décrétant jusqu’à présent.
L’usage du terme «urgence nationale» par le chef de l’État est aussi pour souligner la gravité de la situation afin d’amener l’institution de Bretton Woods à accélérer le décaissement des financements nécessaires à la mise en œuvre rapide des projets concernant ces deux secteurs. Après le secteur de l’eau, il y a une semaine, c’est celui de l’électricité qui a été au centre des discussions, hier, à Iavoloha.
Accélérer les projets en cours pour solutionner le problème de production et d’approvisionnement en énergie. Deux projets, en particulier, ont été abordés. Il s’agit du projet de développement à moindre coût de l’accès aux services électriques ou LEAD, qui date de 2019, et du projet de connectivité numérique et énergétique pour l’inclusion à Madagascar ou DECIM, acté en 2023.
Ces deux projets ont une composante relative à l’hybridation des centrales thermiques avec des centrales solaires, et une autre concernant l’accès à l’électricité pour tous par le biais du projet «Branchement Mora» et des kits solaires. Leur mise en œuvre ne suit pas la cadence escomptée visiblement. La réunion d’hier devrait ainsi y donner un coup de fouet.
Engagements
Les centrales thermiques de la Jirama sont les cibles du projet d’hybridation. L’idée est de renforcer la production d’électricité. L’électricité solaire devrait sauver les meubles en période d’étiage, comme actuellement, où les centrales hydroélectriques tournent au ralenti. L’hybridation permet aussi une économie conséquente dans les dépenses en carburant pour alimenter les groupes thermiques.
Durant sa prise de parole, hier, le président Rajoelina a réitéré le fait que «l’État subventionne la Jirama à hauteur de 250 millions de dollars annuels (...)». Cette aide étatique sert, dans sa grande majorité, à l’achat de carburant pour approvisionner les groupes des centrales thermiques. Le même montant devrait être repris dans le projet de loi de finances 2025, d’après ses déclarations. Il ajoute, par ailleurs, que le conseil des ministres de mercredi a procédé à l’étude du budget 2025.
La prévision totale pour le Programme d’investissement public (PIP) est de 252 millions de dollars. La somme nécessaire pour la subvention de la Jirama est ainsi pratiquement l’équivalent du total des PIP de l’ensemble des ministères. «Donc aujourd’hui la subvention de la Jirama, on le fait au détriment de la population et des projets sociaux», regrette le locataire d’Iavoloha.
«C’est en accélérant la transition énergétique que nous allons sortir de l’obscurité. (...) Face à cette urgence nationale, je suis moi-même mobilisé pour suivre de près la réalisation de ces projets», ajoute le président Rajoelina. L’urgence soulevée par le chef de l’État est aussi par rapport à certains engagements, notamment ceux inhérents aux accords avec le Fonds monétaire international (FMI).
La réduction de la subvention de la Jirama, ou encore le retour à la vérité des prix à la pompe pour le carburant, font partie de ces engagements. Sur ce dernier point, la vérité des prix à la pompe du pétrole serait en tête de liste. Ce carburant est surtout utilisé par les ménages vulnérables pour les lampes à pétrole.
C’est pour éviter un choc chez les plus vulnérables, dans l’éventualité d’une hausse du prix à la pompe du pétrole, que l’État veut accélérer le projet de distribution des kits solaires. Au total, un million deux cent quarante mille ménages en seront bénéficiaires dans le cadre des projets LEAD et DECIM.
Garry Fabrice Ranaivoson